L’Assemblée nationale du Québec reprendra ses travaux le 10 septembre. Les parlementaires fédéraux, de leur côté, commenceront leurs activités le 16 septembre prochain. Dans les deux cas, les productrices et les producteurs auront les yeux rivés sur l’importance accordée aux enjeux du milieu agricole et à son potentiel de croissance.
Selon une étude produite en 2022 pour le compte de l’Union, ce potentiel de croissance est évalué à 23 % d’ici 2030, soit 4 % de plus que l’économie québécoise dans son ensemble. Rappelons que 66 % de nos produits agricoles sont transformés dans la province (25 % ailleurs au Canada), ce qui favorise une croissance positive. Tout comme la demande alimentaire croissante ici et ailleurs dans le monde.
Pour atteindre l’objectif de 23 %, l’étude identifie des conditions très semblables à nos demandes dans le cadre du renouvellement de la Politique bioalimentaire du Québec, dès l’an prochain. Comme nous l’avons indiqué le printemps dernier, les mesures et les chantiers annoncés jusqu’à maintenant démontrent une ouverture positive, sans toutefois combler toutes les attentes (en l’occurrence celles de la relève, des régions périphériques et des secteurs de production en difficulté). À titre d’exemple, le gouvernement québécois a investi des sommes intéressantes pour le développement de la filière serricole ces dernières années, mais plusieurs d’entre elles ont encore aujourd’hui un accès difficile au réseau triphasé.
Toujours du côté de Québec, nous surveillerons les suites de la Consultation nationale sur la protection du territoire et des activités agricoles, surtout si des changements législatifs sont proposés. Nous suivrons aussi l’évolution de plusieurs projets de loi, en l’occurrence sur les mines (PL 63), les ressources énergétiques (PL 69) et la protection sanitaire des animaux (PL 70).
Des enjeux sont aussi identifiés du côté canadien. Je pense notamment à l’entente Canada-Québec sur le déclenchement du programme Agri-relance, en lien avec les événements climatiques extrêmes de 2023. Un montant de 22 M$ a été annoncé en juin dernier, mais les modalités sont encore en discussion. Je fais aussi référence au plafond de la partie sans intérêt du Programme de paiements anticipés (PPA), qui doit être rétabli à 350 000 $, et à l’avancement du projet de loi C-282 sur la protection de la gestion de l’offre, qui a franchi l’étape de la deuxième lecture au Sénat en avril dernier. À l’heure actuelle, rien ne garantit son adoption avant le déclenchement d’élections générales (octobre 2025) ou anticipées. Tout comme les projets de loi C-234 (tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre) et C-280 (fiducie réputée – fruits et légumes périssables).
L’enquête antidumping sur le canola canadien annoncée par la Chine, en réaction aux surtaxes douanières imposées par Ottawa, est aussi un enjeu à surveiller. « Le Canada doit être prêt à toutes sortes de réactions, et nous le sommes », avait affirmé la ministre des Finances et vice-première ministre, Chrystia Freeland, quelques jours auparavant. Les productrices et producteurs de canola se souviendront de cet engagement. D’autant plus que ce gouvernement, comme ceux qui l’ont précédé, déploie des efforts exceptionnels pour protéger le secteur canadien de l’automobile, mais hésite encore et toujours à appliquer la réciprocité des normes à l’endroit des importations alimentaires.
Par ailleurs, du côté forestier, les productrices et producteurs réclament depuis plusieurs années la création d’un régime d’épargne et d’investissement sylvicole personnel. Cet outil fiscal permettrait aux propriétaires de boisés de mettre à l’abri de l’impôt une portion de leurs revenus forestiers en vue de réaliser de futurs investissements en sylviculture, en aménagement forestier ou en protection des éléments sensibles de l’environnement.
Tous les parlementaires, tant à Québec qu’à Ottawa et des deux côtés de la Chambre, doivent alimenter et faire vivre ce projet de société déterminant pour notre avenir collectif. Rien n’est plus important que l’autonomie et la sécurité alimentaire de nos concitoyennes et concitoyens.