L’épidémie de COVID-19 bouscule notre vie individuelle et collective comme peu d’événements l’ont fait ces dernières années. Le nombre de cas détectés continue d’augmenter partout dans le monde, les mesures de prévention se multiplient et les conséquences politiques, économiques, sociales et culturelles s’accumulent. L’impact de cette crise sur nous, les nôtres et les autres est profond et aura des séquelles.
Même si la situation est difficile, il faut garder en tête qu’elle prendra éventuellement fin. Dans quelques mois, nous repenserons à ce début d’année 2020 et constaterons que notre résilience, qu’elle ait été individuelle ou collective, a fait la différence. L’être humain a cette faculté de faire ressortir le meilleur de lui-même devant les épreuves. Celle-ci nous confirmera que les individus, les collectivités et les nations sont capables de se retrousser les manches et de confronter l’adversité quand la situation le requiert.
Ces derniers jours, cet élan de solidarité auquel tous ont collaboré était aussi palpable dans notre organisation. De façon concertée, tous les syndicats, fédérations et groupes affiliés ont rapidement pris les mesures requises pour assurer la continuité des services aux producteurs tout en limitant les déplacements des employés et en suivant les consignes des autorités de la santé publique.
Devant la fermeture probable des frontières, et avant même qu’elle ne soit officiellement annoncée, nous avions commencé à réfléchir à l’enjeu des travailleurs étrangers temporaires. Nous avions déjà élaboré un protocole de mise en quarantaine active pour ces employés, ce qui a permis aux autorités gouvernementales de prendre rapidement la décision d’autoriser leur accès au Canada. C’est un soulagement énorme pour les producteurs, notamment ceux du secteur horticole. Plus important encore, il s’agissait d’une question de sécurité alimentaire, de disponibilité des fruits et légumes cet été sur nos marchés et du bon fonctionnement des entreprises de transformation alimentaire, qui ont recours elles aussi à ces travailleurs.
La sécurité alimentaire d’une nation est une priorité qui dépasse très largement les intérêts économiques de tout un chacun. Si les gens se battent pour du papier de toilette, imaginez ce que ce serait pour des aliments. La crise alimentaire mondiale de 2007-2008, provoquée par une forte hausse du prix des céréales comme le riz, avait plongé plusieurs des régions parmi les plus pauvres du monde dans une situation critique.
La sécurité alimentaire n’a pas de prix et chaque nation en est responsable. Un pays qui ne peut alimenter sa population est un pays à genou. Les crises comme celle que nous traversons nous font réaliser la fragilité de nos systèmes.
Nos gouvernements en sont-ils bien conscients? Selon Statistique Canada, 1,8 million de ménages canadiens (1 sur 8) souffrent d’insécurité alimentaire. Cela représente 4,4 millions de personnes, soit le nombre le plus élevé depuis que le Canada tient des statistiques sur le sujet. Qu’en serait-il si, faute de production locale, le coût du panier d’épicerie explosait soudainement? Poser la question, c’est y répondre. La situation actuelle est suffisamment difficile. Il faut tout faire en ce moment pour assurer le bon fonctionnement de la filière agroalimentaire, de la terre jusqu’à la table.
La résilience des Québécois et Québécoises, plus particulièrement des agriculteurs et agricultrices, est très grande. Plusieurs se souviennent de la crise du verglas, en 1998, et du courage démontré par la population. La situation actuelle est de même nature, voire encore plus sérieuse, mais j’ai confiance en nous et en la nature humaine.