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Nos terres agricoles ne sont pas à sacrifier

Publié le 14 novembre 2024 - Écrit par l'UPA

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Dans une lettre d’opinion publiée récemment dans Le Nouvelliste intitulée TES Canada: la nécessaire décarbonationCe lien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre, l’auteur soutient que l’agriculture québécoise doit jouer un rôle dans la réduction des gaz à effet de serre (GES) et que l’accueil de projets comme celui de TES Canada, qui prévoit l’implantation d’éoliennes en milieu agricole, fait partie de la solution. Nous partageons la même volonté d’agir contre les changements climatiques, mais je crois fermement que ce projet, dans sa forme actuelle, comporte des risques pour l’avenir de notre agriculture.

À titre de représentant des producteurs agricoles de la Mauricie, je suis un témoin privilégié de l’engagement quotidien des producteurs agricoles à adopter des pratiques durables. Chaque jour, nous mettons en œuvre des technologies et des équipements pour limiter les émissions de GES et nous sommes déterminés à faire partie de la solution climatique. Mais la réalisation du Projet Mauricie ne doit pas contribuer à sacrifier notre aptitude à répondre aux besoins alimentaires des Québécois.

L’Union des producteurs agricoles n’est pas en défaveur de ce projet, ni même des éoliennes de façon générale. Nous reconnaissons par ailleurs le droit individuel des producteurs d’accueillir des infrastructures de production et de transport d’électricité chez eux. Cependant, nous maintenons notre position collective de défendre intégralement nos terres agricoles contre tout autre usage auquel elles sont destinées.

Il ne faut pas sous-estimer les conséquences globales de réaliser ce projet en zone agricole. En supprimant ou en diminuant le rendement de 150 hectares de terres tel que nous l’avons projeté, nous réduisons notre capacité à nous nourrir localement. Or, cela nous obligera, à terme, de dépendre d’autres régions ou d’autres pays pour compenser cette perte.

L’auteur parle de l’utilisation de parcelles de « moindre valeur » pour ce genre de projet, mais cette vision simpliste ne prend pas en compte la réalité de la réglementation à venir encadrant l’implantation d’éoliennes. Une telle structure a un impact bien au-delà de la simple superficie occupée : elle peut limiter le développement des fermes dans un rayon autour d’elles, restreignant ainsi la possibilité d’agrandir ou de diversifier une exploitation.

Enfin, parlons d’argent. Rappelons que l’agriculture au Québec souffre déjà d’un manque de soutien et de reconnaissance de nos décideurs, tout particulièrement dans cette conjoncture économique mondiale. Les producteurs font face à des défis économiques énormes, mais il n’est pas normal de devoir céder nos terres pour en vivre convenablement.

La question qui se pose aujourd’hui est simple : voulons-nous préserver notre capacité à nourrir le Québec à long terme, ou laisser des intérêts privés compromettre ce qui fait notre force, notre indépendance et notre avenir ?

Martin Marcouiller, président
Fédération de l’UPA de la Mauricie