On est sans doute nombreux à avoir profité du temps des Fêtes pour dresser un bilan de la dernière année et imaginer celle qui commence.
Ma réflexion a porté sur la sécheresse vécue dans plusieurs régions du Québec qui nous force à admettre que les changements climatiques sont bien réels, sur la pression ressentie par plusieurs agriculteurs qui doivent continuer à travailler dans des conditions qui ne sont pas toujours des plus faciles et sur les ententes commerciales signées par le Canada qui auront assurément un impact sur plusieurs d’entre nous. Et je me suis rappelé toute l’importance qu’il faut accorder aux personnes et aux mesures qui favorisent la santé et la sécurité du travail.
Selon moi, partir du bon pied en 2019, c’est d’abord commencer l’année le corps et l’esprit reposés et être en bonne forme. Je souhaite à tous les producteurs de prendre soin d’eux-mêmes avec autant d’ardeur qu’ils le font avec leurs entreprises. Travailler est exigeant et requiert toute notre énergie. Il faut donc en avoir en réserve lorsque la tâche est plus difficile que prévu. Partir du bon pied, c’est maintenir son équilibre, sinon on risque l’épuisement.
Partir du bon pied en 2019, c’est aussi se préoccuper des personnes avec qui l’on travaille dans nos entreprises en mettant en œuvre des conditions qui protègent leur santé et leur sécurité. Nous ne connaissons pas encore le nombre d’accidents de travail à la ferme répertoriés pour la dernière année, mais nous savons qu’en 2017, il y a eu 1 115 réclamations pour les quelque 12 000 exploitations enregistrées à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail. En date du 20 décembre, nous avions recensé 17 décès accidentels liés au travail agricole pour l’année 2018.
Partir du bon pied en 2019 nécessite donc d’agir en prévention dans nos entreprises et de prendre soin de nos travailleurs.
Personnellement, j’ai toujours trouvé que le mois de janvier était propice à une rencontre avec nos employés pour faire le bilan de la dernière année et bien préparer la nouvelle. On fait le tour de ce qui s’est passé et on se demande ce qui peut être amélioré. On se questionne aussi sur la prévention : est-ce que nos façons d’accomplir le travail sont optimales et sécuritaires? Est-ce qu’on utilise le bon équipement? Est-ce qu’il est en ordre? Est-ce qu’on a besoin de formation? Est-ce que nos bâtiments sont encore adéquats et nous offrent-ils l’espace requis pour que nos animaux et les personnes qui y travaillent soient bien? Les préventionnistes de nos fédérations régionales peuvent nous aider à faire cet exercice.
J’ai réalisé pendant les Fêtes qu’on peut répéter jour après jour des gestes dangereux sans en avoir vraiment conscience jusqu`à ce que survienne un accident, parce que cela m’est arrivé. J’ai glissé et je suis tombé sur la glace en descendant de mon tracteur. Ça a cogné dur, mais j’ai été chanceux. J’ai évité le tracteur et... il n’y avait pas de témoin! Quand j’ai raconté ça à mon gars, il m’a tout simplement mentionné : « Savais-tu qu’il y a une manière sécuritaire de monter ou de descendre d’un tracteur? » Ça m’a fait réfléchir. On m’avait déjà dit que la bonne façon de descendre d’un tracteur est de le faire en y faisant face. Je faisais le contraire jusqu’à tout récemment. Il a fallu que je tombe et que ça me fasse mal pour apprendre.
Ce que je nous souhaite pour 2019, c’est qu’on soit capables de mettre en application les mesures de prévention qu’on connaît, mais qu’on contourne trop souvent. Ainsi, tous ceux et celles qui travaillent en agriculture pourront revenir auprès de leur famille après leur journée de travail en aussi bonne forme que lorsqu’ils seront partis le matin. Et si la prévention des chutes est un sujet qui vous intéresse, c’est le thème de notre prochain colloque en santé et sécurité qui aura lieu le 7 février à Shawinigan. Au plaisir de vous y rencontrer!
Éditorial La Terre de chez nous
Édition du 16 au 22 janvier 2019
Martin Caron, premier vice-président