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Pesticides : soyons pragmatiques

Publié le 20 février 2019 - Écrit par l'UPA

Catégorie :

  • Citoyen/Citoyenne
  • Producteur/Productrice
  • Textes d’opinion

Le congédiement de l’agronome Louis Robert par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) a fait couler beaucoup d’encre. Le dossier est très vite devenu politique après les déclarations initiales du ministre de l’Agriculture, André Lamontagne. Le 14 février dernier, les partis d’opposition ont appuyé la demande du Syndicat des professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), qui a lancé une pétition pour que M. Robert soit réintégré dans ses fonctions. Tous comprennent qu’au-delà de l’intérêt public et de celui de M. Robert, une joute politique est en cours.

Toute cette affaire repose sur l’accès à l’information et sa diffusion. À ce sujet, l’Union des producteurs agricoles (UPA) est catégorique : nous croyons que tout renseignement d’intérêt pour les producteurs devrait être accessible et largement diffusé.

Les décisions que les agriculteurs prennent chaque jour reposent sur la qualité des informations dont ils disposent.

Au regard des pesticides, l’UPA a été la première à mettre en doute la neutralité des agronomes liés à l’industrie et appelés à autoriser l’usage des pesticides dits « à risque ». Lors d’une entrevue sur le sujet avec l’animateur du 98,5 FM Paul Arcand, celui-ci n’en revenait pas que les agronomes responsables de signer la prescription pouvaient aussi être ceux qui commercialisent les produits dont on tente de réduire l’utilisation. L’UPA souhaitait également que ce nouveau registre sur les pesticides soit intégré au Plan agroenvironnemental de fertilisation (PAEF) déjà complété par les producteurs et soumis au ministère de l’Environnement au plus tard en mai de chaque année, de façon à ne pas ajouter à la lourdeur administrative à laquelle sont assujetties les entreprises.

L’UPA demande depuis plusieurs années une plus grande implication des professionnels du MAPAQ auprès des producteurs ou au sein des clubs-conseils en agroenvironnement. Ces trois dernières années, nous avons développé un plan d’action en phytoprotection. On y prône un meilleur dépistage des ravageurs, des interventions plus précises lorsque nécessaire et plus de recherche pour offrir des solutions de rechange à l’usage des pesticides.

Notre organisation réclame depuis des années des investissements majeurs en agroenvironnement. Lors de la dernière campagne électorale, notre première demande au futur gouvernement du Québec était de mettre en place un réel plan vert pour le secteur agricole et d’y investir 100 M$ par année pendant 10 ans. Il faut travailler à long terme avec des mesures d’accompagnement, de transfert des connaissances et de rétribution des biens et services écologiques. Le marché, et c’est déplorable, ne rémunère pas les bonnes pratiques agricoles. Il en est de même pour les programmes de soutien du MAPAQ et de La Financière agricole du Québec. Eux aussi récompensent le rendement, sans égard au mode de production biologique ou aux bonnes pratiques.

Le MAPAQ a converti ses centres de recherche en organismes sans but lucratif au tournant des années 2000. Les producteurs ont répondu à l’appel et contribuent aujourd’hui à quelque 5 M$ par année aux différents centres de recherche et d’expertise. Les agriculteurs ne vendent pas de pesticides et aucun d’eux n’a intérêt à en utiliser plus que nécessaire. L’objectif de notre présence au sein de ces centres est la recherche de solutions pour améliorer nos pratiques, diminuer nos coûts de production et assurer la rentabilité de nos entreprises dans un marché de plus en plus ouvert et compétitif.

Finalement, et au-delà de la joute politique, dans le dossier de l’agroenvironnement, le gouvernement devra prendre des décisions pragmatiques qui répondent vraiment aux enjeux que vivent les producteurs et se décider à y investir les sommes nécessaires.

Éditorial La Terre de chez nous

Édition du 20 au 26 février 2019

Marcel Groleau, président général