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Pour manger, il faut produire

Publié le 17 juin 2022 - Écrit par Martin Caron, président général

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  • Textes d’opinion

Selon un sondage Ipsos de la Société Financière Manuvie réalisé à la mi-avril (au moment où le taux directeur a été rehaussé à 1 % par la Banque du Canada – il a depuis été augmenté à 1,5 %), près d’un propriétaire sur cinq estime qu’il n’a plus les moyens de payer sa maison en raison de l’inflation et de la hausse des taux d’intérêt. Pire encore, près d’un propriétaire sur quatre affirme qu’il devra vendre sa propriété si les taux d’intérêt augmentent encore. Et tout porte à croire que ce sera le cas. La Réserve fédérale américaine a procédé, ces derniers jours, à sa plus forte hausse de ses taux d’intérêt en presque 30 ans. Cette augmentation risque de mettre la table pour une autre hausse de la part de la Banque du Canada le mois prochain.

Imaginez un instant ce qu’il adviendrait si le quart des maisons au Canada était soudainement à vendre. L’effondrement subséquent de leur valeur, en raison de l’offre et de la demande, serait désastreux pour l’économie canadienne. Ajoutons que tous ces « vendeurs » devraient se reloger rapidement, alors que nous sommes déjà en pleine pénurie de logements. Les gouvernements devraient y réfléchir sérieusement.

L’augmentation passée et à venir des taux d’intérêt est aussi une préoccupation grandissante en agriculture. Ces dernières années, l’endettement des entreprises agricoles du Québec (+49 % entre 2017 et 2021) a progressé beaucoup plus rapidement que leur revenu net (+15,7 % pour la même période). Cet écart risque de se creuser rapidement, car chaque augmentation de 1 % des taux d’intérêt diminue le revenu agricole net d’environ 19 % (250 M$). Ajoutez à cela l’augmentation du prix moyen de l’alimentation animale, des engrais et du carburant ces derniers mois (environ 50 %), et vous conclurez que la résilience de plusieurs fermes sera mise à rude épreuve.

L’appel à une bonification significative des budgets consacrés au secteur agricole n’a jamais été aussi légitime. Dans un contexte d’endettement croissant et de rentabilité moindre, on demande aux entreprises agricoles québécoises et canadiennes de répondre toujours plus promptement aux attentes sociétales grandissantes (agroenvironnement, bien-être animal, etc.) ainsi qu’à la pénurie alimentaire mondiale en devenir, en raison notamment du conflit en Ukraine qui s’éternise et des récoltes moins abondantes qu’espérées à plusieurs endroits dans le monde.

Les ministres fédérale, provinciaux et territoriaux se réuniront en juillet prochain pour discuter du prochain cadre stratégique agricole (Partenariat canadien pour l’agriculture), en vigueur dès 2023. Il est impératif d’aborder, pendant cette rencontre, le soutien global au secteur agricole. Parmi les pays de l’Organisation de coopération et de développement économique, le Canada est celui qui a le plus diminué son soutien à l’agriculture, surtout depuis les coupes importantes de 2013. La situation n’est guère plus reluisante du côté québécois, le budget du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation étant sensiblement le même qu’il y a dix ans, malgré l’adoption d’une politique bioalimentaire ambitieuse. D’ailleurs, nous attendons toujours une réponse des ministres Marie-Claude Bibeau et André Lamontagne à notre correspondance sur l’augmentation fulgurante des coûts de production.

Les infrastructures québécoises et canadiennes ont souffert pendant des décennies d’un sous-investissement chronique. On se retrouve aujourd’hui avec un cône orange à chaque coin de rue, et ce, pour des années à venir. La même logique s’applique au secteur agricole. L’augmentation des recettes monétaires, ces dernières années, cessera éventuellement de masquer les défis pressants du secteur. Parce que pour manger, il faut produire, ne l’oublions pas.

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