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PTP : le Canada a le choix. Il l’a prouvé dans le passé

Publié le 1 juillet 2015 - Écrit par Alexandre Anctil, Producteur ovin, Bas-Saint-Laurent

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Le Congrès américain a accordé la semaine dernière au président Barack Obama des pouvoirs accrus pour conclure des accords commerciaux avec la région Asie-Pacifique et l’Union européenne. Le Sénat a emboîté le pas en créant un mécanisme accéléré d’approbation des futurs accords commerciaux. Cela n’est pas une surprise en soi, car les républicains sont majoritaires dans les deux Chambres et appuyaient le président dans l’obtention de ces pouvoirs.

La décision des élus américains met en place une voie rapide pour l’examen et l’acceptation des accords commerciaux. Elle ouvre aussi la porte à un accord sur le Partenariat transpacifique (PTP) dans les prochains mois. Le contexte politique favorise la conclusion d’un accord à court terme. Les élections américaines en 2016 rendront en effet les élus américains plus sensibles aux humeurs de l’électorat. Un accord dans un délai relativement court est donc souhaité par les pays participants, plus particulièrement le Japon, les États-Unis et le Canada, qui sera en élections cet automne.

 Le PTP, s’il est conclu, sera le plus important traité de libre-échange depuis l’Accord de libre-échange nord-américain. La population des 12 pays impliqués est de 792 millions de personnes. Ils affichent un PIB combiné de 28 100 G$, c’est-à-dire plus de 40 % de l’économie mondiale.

Depuis un certain temps, le gouvernement du Canada indique sans détour qu’il souhaite être signataire de cette entente. Les négociations se font de façon très privée, ce que plusieurs déplorent. Pour le président Obama, le PTP représentera un contrepoids aux avancées de la Chine et à son hégémonie croissante sur la zone asiatique. Les intérêts du Canada concordent-ils avec ceux des Américains dans cette lutte? D’autres pays comme la Corée du Sud, qui ne fait pas partie du PTP, préfèrent se rapprocher des Chinois.

Jean-Louis Roy, ex-journaliste, observateur et acteur diplomatique durant sa prolifique carrière, a présenté son point de vue sur cette question lors de la dernière assemblée annuelle des Éleveurs de porcs du Québec. Selon lui, les Américains voient difficilement le monde tel qu’il se redessine aujourd’hui. Leurs politiques interne et externe relèvent d’une autre époque. Qu’en est-il du Canada? En fait, les économistes et les éditorialistes qui écrivent sur le sujet ne font pas l’analyse des intérêts canadiens, à terme, dans ce nouvel ordre mondial qui se dessine en fonction de la Chine et de son influence.

L’agriculture est un secteur fragile pour tous les pays. Ces derniers ne produisent pas sous le même climat et dans les mêmes conditions. Lorsqu’on perd la production agricole, on perd également la transformation qui en découle. Dans cette négociation, le Canada fait face aux Australiens, aux Néo-Zélandais et aux Américains. Trois pays aux conditions climatiques plus avantageuses, notamment dans la production de lait et de volaille. Pour le Canada, ces secteurs représentent 20 % de tous les revenus agricoles et plus de 43 % pour le Québec. Toute la production de lait et de volaille est transformée au Québec. Au total, les secteurs sous gestion de l’offre représentent 92 000 emplois au Québec. Les partisans de la pensée magique, qui estiment que nous deviendrons, avec cette nouvelle compétition, plus efficaces pour maintenir nos positions, seront déçus. Le climat ne s’importe pas.

Comme je l’ai mentionné dans un récent éditorial, l’Union et les groupes spécialisés sous gestion de l’offre ont été particulièrement actifs dans ce dossier au cours des derniers mois. La campagne Forts et unis pour la gestion de l’offre a d’ailleurs été lancée en mai dernier, en présence de tous les partenaires de l’industrie œuvrant dans les secteurs sous gestion de l’offre et du ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, Pierre Paradis. Comme je l’indiquais la semaine dernière, j’ai aussi abordé le projet de Partenariat transpacifique et nos préoccupations quant à l’intégrité de la gestion de l’offre lors de ma récente rencontre avec le premier ministre du Québec, Philippe Couillard. Ce dernier comprend très bien l’urgence de la situation ainsi que l’ampleur des enjeux.

Le gouvernement fédéral a négocié plusieurs ententes jusqu’à maintenant tout en maintenant le marché et les mécanismes pour le fonctionnement de la gestion de l’offre. Le premier ministre Couillard a des alliés dans plusieurs provinces pour la gestion de l’offre. Il m’a assuré qu’il n’hésiterait pas à intervenir auprès de ses collègues et de M. Harper. Nous savons que la décision finale se prendra dans le bureau du premier ministre canadien. Les prochaines semaines seront déterminantes. Plus que jamais, soyons forts et unis pour la gestion de l’offre.


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