Le printemps tardif et froid a causé des ennuis à bien des producteurs cette année. Les températures en deçà des moyennes saisonnières, jumelées à de fréquentes précipitations de pluie, ont nui à l’assèchement et au réchauffement des sols, occasionnant des retards dans les travaux aux champs. L’arrivée des fraises du Québec sur les étals sera aussi exceptionnellement tardive cette année. On accuse en ce moment un important déficit de chaleur cumulé dans toutes les régions du Québec.
Ce printemps capricieux a fait craindre le pire aux agriculteurs, mais mère Nature a finalement bien fait son travail. Même si la production a débuté plus tard qu’à l’habitude, les 7 400 entreprises acéricoles du Québec ont tout de même produit plus de 159 millions de livres de sirop d’érable, soit 41 millions de plus que l’an dernier. Il s’agit d’un volume de production historique!
La région de la Chaudière-Appalaches (3 258 entreprises en production) est responsable du plus gros volume de sirop (54,4 millions de livres). C’est toutefois en Montérégie que le rendement s’est avéré le plus élevé (4,15 livres par entaille). Le rendement moyen, toutes régions confondues, a été de 3,43 livres par entaille, un résultat qualifié d’excellent par les Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ).
À une certaine époque, une production d’à peine 40 millions de livres donnait des maux de tête à bien du monde. Les prix s’effondraient, les acheteurs prenaient le sirop pour rendre service aux producteurs et ces derniers devaient se tourner vers l’État pour ne pas tout perdre. Grâce à l’action collective et à la mise en marché ordonnée, on peut maintenant gérer 159 millions de livres, assurer un prix juste aux producteurs, stabiliser l’approvisionnement et développer les marchés de façon rentable pour tous les intervenants de la filière.
Le Québec produit actuellement 72 % du sirop d’érable de la planète. Grâce aux différentes stratégies de mise en marché, d’innovation et de promotion, le sirop d’érable d’ici est aujourd’hui exporté dans une soixantaine de pays. La production augmente et les ventes sont en croissance, tant et si bien que les PPAQ visent des ventes de l’ordre de 185 millions de livres dans un horizon de cinq ans.
Ces 14 dernières années, quelque 14 M$ ont été investis collectivement pour financer plus de 100 projets de recherche et approfondir les connaissances sur l’érable. Les PPAQ orientent et animent également le Réseau international de recherches et d’innovation sur l’érable. C’est aussi à Laurierville, dans le Centre-du-Québec, qu’on trouve la seule et unique réserve stratégique de sirop d’érable mondiale, née en 2000 d’une initiative des PPAQ et financée à 100 % par les producteurs.
Le travail collectif des acériculteurs, leur discipline au regard de la production, l’investissement des transformateurs et des distributeurs sur les marchés, l’attention portée à la qualité par tous les intervenants, c’est payant pour tous et les retombées économiques et sociales pour le Québec et ses régions sont énormes.
Pour atteindre les objectifs de leur plan stratégique, les producteurs et les partenaires de la filière acéricole continueront de miser fortement sur la qualité du produit et de répondre aux attentes des nombreux consommateurs de tous les pays où ce merveilleux produit est distribué.
Les plans conjoints et les agences de vente sont des outils qui évoluent. Le travail n’est jamais terminé, mais ce qui a été fait collectivement par les producteurs acéricoles depuis le début est formidable et exemplaire. Bravo et continuez de nous sucrer le bec!
Éditorial La Terre de chez nous
Semaine du 19 au 25 juin 2019
Marcel Groleau, président général