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Stratégie québécoise de l’agroalimentaire : il est temps de passer à l’action!

Publié le 10 décembre 2015 - Écrit par Marcel Groleau, président général

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  • Citoyen/Citoyenne
  • Producteur/Productrice
  • Textes d’opinion

Sylvie Cloutier, présidente, CTAQ
Marcel Groleau, président général, UPA

La demande alimentaire, propulsée par le développement social et économique, l’ouverture des marchés et l’explosion démographique, est en forte croissance à l’échelle de la planète. Pour nourrir 9 milliards d’individus dès 2050, la production d’aliments devra augmenter de 70 %. Cela représente une augmentation de 50 % de la production annuelle de céréales et de presque 100 % pour la viande.

Le Québec doit bouger s’il souhaite profiter des opportunités exceptionnelles que lui offrent ces perspectives et assurer sa propre sécurité alimentaire. C’est pourquoi le Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ) et l’Union des producteurs agricoles (UPA), avec l’appui de La Coop fédérée, du Mouvement Desjardins et de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval, ont publié le 30 novembre dernier un plaidoyer en faveur d’une stratégie québécoise de l’agroalimentaire. En tant que premiers employeurs des secteurs primaire et manufacturier, l’agriculture et la transformation alimentaire doivent en effet avoir leur place dans le Plan économique du gouvernement du Québec, comme c’est le cas en Ontario.

Les propositions du CTAQ et de l’UPA transmises au premier ministre du Québec, Philippe Couillard, et au ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis, s’appuient sur des assises agroalimentaires solides. En 2014, l’agriculture et la transformation alimentaire ont généré des ventes s’élevant respectivement à 8 G$ et 24 G$. Les deux secteurs combinés représentent 200 000 emplois directs et indirects au Québec (5,1 % des emplois), 11 G$ de PIB (5,9 % du PIB du Québec) et 4,5 G$ en revenus pour les différents paliers de gouvernement.

De plus, les 1 600 entreprises de transformation alimentaire et les 28 000 entreprises agricoles sont réparties sur tout le territoire du Québec et jouent un rôle majeur dans les économies régionales. Mais depuis quelque temps, les investissements du secteur stagnent, tirent de l’arrière par rapport à l’Ontario, se situent sous la moyenne canadienne et ne tiennent pas la comparaison comparativement aux États-Unis. Un déficit de compétitivité avec nos concurrents s’installe, faute d’une stratégie agroalimentaire qui donnerait au secteur l’impulsion pour relever le défi alimentaire.

La stratégie québécoise de l’agroalimentaire devra stimuler l’investissement privé et mettre de l’avant des mesures d’aide à la relève. Elle devra aussi prévoir des investissements en recherche et développement qui sont beaucoup plus faibles que chez nos concurrents, et favoriser l’accès à une main-d’œuvre qualifiée, alors que le secteur fait face à d’importantes pénuries. Globalement, ces propositions révèlent l’inquiétude du secteur face à la compétition de plus en plus féroce sur les marchés agroalimentaires, tant au pays qu’à l’étranger. Elles traduisent aussi une volonté ferme, dans l’industrie agroalimentaire, d’assurer notre développement tout en participant aux objectifs de relance économique du gouvernement québécois.

 

Le gouvernement et son ministre de l’Agriculture devraient être heureux de la mobilisation de tout le secteur autour de ces enjeux de développement. Contre toute attente, le ministre de l’Agriculture, lors de sa visite au Congrès général de l’UPA le 2 décembre dernier, a balayé du revers de la main les propositions de l’industrie et a plutôt proposé une nouvelle consultation, sous la forme de « Sommets sur l’alimentation ». Cela fait bientôt une décennie que l’agroalimentaire se fait trimbaler d’une consultation à l’autre (CAAAQ, Livre vert, Politique de souveraineté alimentaire, Consultation sur la relève agricole, etc.). Pendant ce temps, nos concurrents agissent et prennent une avance qu’il sera difficile de rattraper. Il est temps de passer à l’action!