À l’occasion de la rentrée parlementaire à Québec et Ottawa, l’Union des producteurs agricoles (UPA) demande à l’ensemble des députés, qu’ils soient du gouvernement ou de l’opposition, de porter une attention particulière aux nombreux défis économiques, climatiques, administratifs et réglementaires auxquels sont confrontés les productrices, les producteurs et la relève agricole du Québec.
« Le soutien annoncé par le gouvernement du Québec depuis l’an dernier, en réponse à la situation économique difficile et aux demandes du milieu, marque un début et non une fin. Il reste beaucoup de travail à faire pour en arriver à des politiques, des mesures et des budgets qui correspondent véritablement à l’importance névralgique de l’agriculture et de l’agroalimentaire dans la collectivité », a déclaré le président général de l’UPA, Martin Caron.
Rappelons que ces 18 derniers mois, des milliers de productrices et producteurs des quatre coins du Québec ont exprimé leurs inquiétudes et leurs espoirs quant à l’avenir de l’agriculture et de la relève. La réponse du gouvernement du Québec a pris la forme d’un certain nombre de chantiers, d’initiatives et de mesures susceptibles de venir en aide aux entreprises en difficulté. Cette ouverture marque une avancée positive, mais les défis sont encore nombreux.
Les entreprises agricoles doivent en effet composer avec un nombre grandissant de facteurs qui nuisent à leur rentabilité ainsi qu’à leur compétitivité. Mentionnons notamment le contexte géopolitique, la volatilité des marchés ainsi que la croissance des coûts de production, des frais d’intérêt et de l’endettement. Signalons aussi la pénurie de main-d’œuvre, la hausse de la valeur des terres, les changements climatiques, l’absence d’actualisation de plusieurs programmes de gestion des risques et l’actuel environnement d’affaires, qui ne favorise pas toujours la croissance.
Par ailleurs, les productrices et producteurs horticoles touchés par les événements climatiques extrêmes de 2023 attendent encore l’issue des discussions entre Québec et Ottawa concernant les 22 M$ annoncés en juin dernier (programme catastrophe Agri-Relance).
« À tous ces égards, les attentes sont grandes et doivent être explicitement comblées lors du renouvellement de la Politique bioalimentaire du Québec, dès l’an prochain. En clair, il faut soutenir et investir. Tous les parlementaires doivent alimenter et faire vivre ce projet de société déterminant pour notre avenir collectif », a ajouté M. Caron.
Protection de notre garde-manger
Les député(e)s de tous horizons devront aussi surveiller attentivement les suites de la Consultation nationale sur la protection du territoire et des activités agricoles. Tout au long de cet exercice, les productrices, les producteurs et la relève se sont prononcés en faveur d’actions qui tendent vers la défense intégrale de notre garde-manger (incluant le principe de « zéro perte nette ») et le renforcement de l’ensemble des mécanismes nécessaires à sa protection.
Rappelons que la zone agricole ne représente qu’environ 4 % du territoire québécois, que les agricultrices et les agriculteurs n’ont accès qu’à la moitié (environ 2 %) de cette superficie et qu’elle est déjà déficitaire de dizaines de milliers d’hectares depuis 1998 This link will open in a new window, en raison notamment de l’étalement urbain, des spéculateurs financiers, des intervenants immobiliers, des projets industriels et de la construction d’infrastructures. Cette pression constante désorganise le milieu rural et va à l’encontre des ambitions alimentaires de la collectivité.
Mentionnons aussi que plusieurs projets de loi provinciaux et fédéraux, en l’occurrence sur les mines (PL 63), les ressources énergétiques (PL 69), l’environnement sanitaire des animaux (PL 70), la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre (C-234), l’instauration d’un mécanisme de protection financière dans le secteur des fruits et légumes (C-280) et la protection de la gestion de l’offre (C-282), ont une incidence directe sur le milieu agricole d’aujourd’hui et de demain. Ces législations doivent faire l’objet d’un suivi rigoureux.
L’enquête antidumping sur le canola canadien annoncée récemment par la Chine, en réaction aux surtaxes douanières imposées par le gouvernement fédéral, est aussi un enjeu à surveiller. « Le Canada doit être prêt à toutes sortes de réactions, et nous le sommes », avait affirmé la ministre des Finances et vice-première ministre, Chrystia Freeland, quelques jours auparavant This link will open in a new window. Les productrices et producteurs de canola se souviendront de cet engagement.
Signalons finalement que les productrices et producteurs forestiers réclament depuis plusieurs années la création d’un régime fédéral d’épargne et d’investissement sylvicole personnel. Cet outil fiscal permettrait aux propriétaires de boisés de mettre à l’abri de l’impôt une portion de leurs revenus forestiers en vue de réaliser de futurs investissements en sylviculture, en aménagement forestier ou en protection des éléments sensibles de l’environnement.