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Main-d’œuvre : un enjeu majeur pour les producteurs

Published on 1 March 2017 - By Marcel Groleau, président général

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  • Textes d’opinion

Les 16 et 17 février dernier à Québec, j’ai participé au Rendez-vous national sur la main-d’œuvre en compagnie du premier vice-président de l’Union, Pierre Lemieux. Cet événement s’est déroulé en présence du premier ministre du Québec, Philippe Couillard, et des ministres coprésidents du Rendez-vous : François Blais, ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Hélène David, ministre responsable de l’Enseignement supérieur, et Dominique Vien, ministre responsable du Travail.

Le ministre des Finances, Carlos Leitão, la ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation, Dominique Anglade, le ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport et ministre de la Famille, Sébastien Proulx, et la ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, Kathleen Weil, étaient aussi présents. Les syndicats, le milieu des affaires, de l’éducation et de la formation ainsi que plusieurs organismes de la société civile complétaient la liste des participants.

Le marché de l'emploi va changer drastiquement dans les prochaines décennies.

L’automatisation et l’intelligence artificielle vont provoquer la disparition de milliers d'emplois, et pas seulement manuels. Les achats en ligne vont entraîner l’abolition de postes dans le secteur du commerce au détail. Les services-conseils financiers et d’assurance vont graduellement devenir virtuels. Certains avancent même que plus de 40 % des emplois actuels disparaîtront dans les prochaines décennies. Ce phénomène n’épargnera pas le Québec et nos entreprises doivent se préparer. Le défi est de taille, mais il présente aussi des opportunités.

Le Québec affiche l’un des plus bas taux de chômage de son histoire. Plusieurs secteurs, mais surtout les régions du Québec, souffrent de la rareté de main-d’œuvre. Le secteur agricole est durement frappé par cette situation. Selon le Conference Board du Canada, 1 emploi sur 12 était vacant dans le secteur agricole en 2014, comparativement à 1 sur 36 dans tous les autres secteurs. Ces postes vacants ont coûté à l’industrie 116 M$ en pertes de ventes au Québec, soit 1,4 % des ventes totales. Quelque 11 % des employeurs ont déclaré avoir dû reporter ou annuler des plans d’expansion parce qu’ils n’ont pas réussi à pourvoir les emplois vacants.

D’ici 2025, la demande de main-d’œuvre agricole au Québec diminuera de 3 400 travailleurs, mais celle qui est disponible baissera davantage, soit de 5 300 travailleurs. L’écart entre l’offre et la demande de main-d’œuvre s’élargira donc encore plus d’ici moins de 10 ans, passant de 8 700 à 10 600 postes.

Lors du Rendez-vous, l’Union a insisté sur la reconnaissance et l’importance du travail saisonnier durable dans différents secteurs d’activité comme l’agriculture, la forêt, les pêches et le tourisme. Le travail saisonnier répond aux aspirations de certains. Il ne faut donc pas chercher à éliminer ces emplois, mais plutôt à les reconnaître à leur juste valeur. De la formation adaptée et du jumelage d’emplois saisonniers permettraient d’offrir aux travailleurs des opportunités intéressantes. Dans nos régions, c’est primordial.

Le secteur agricole québécois possède des atouts intéressants. Il faut les consolider. L’Institut de technologie agroalimentaire, avec ses campus de La Pocatière et de Saint-Hyacinthe, est un pilier de la formation agricole. Nos facultés universitaires d’agriculture, bien branchées avec le milieu de la production et de la transformation agricole, représentent un autre pilier essentiel, notamment du côté de la recherche et de l’innovation.

Les Plans de soutien en formation agricole, qui ont permis à près de 10 000 personnes de développer leurs compétences, doivent être soutenus. Les Centres d’emploi agricole, implantés dans les bureaux régionaux de l’Union, jouent un rôle crucial en appuyant directement les employeurs pour tout ce qui touche les bonnes pratiques en matière de gestion des ressources humaines. Aujourd’hui, les producteurs doivent développer leurs habiletés en tant qu’employeurs.

Nous avons également insisté sur les programmes destinés aux travailleurs étrangers, qui doivent être plus faciles d’accès. Ces programmes devraient aussi faciliter l’immigration de nouveaux citoyens qui possèdent de l’expérience de travail dans les régions.

En définitive, les deux journées ont été intéressantes et ont permis d’aborder les nombreux enjeux de la main-d’œuvre au Québec, incluant ceux du secteur agricole.