En raison du pourcentage exceptionnellement élevé de mortalité hivernale des colonies d’abeilles cette année, Les Apiculteurs et Apicultrices du Québec (AADQ) et l’Union des producteurs agricoles (UPA) demandent aux gouvernements du Québec et du Canada une aide pressante de 12 M$ pour relancer et moderniser le secteur apicole, notamment à travers un prêt d’urgence sans intérêts. Un soutien significatif à la recherche est également requis compte tenu de l’inefficacité grandissante des produits utilisés pour combattre les parasites.
« La mortalité hivernale est un phénomène naturel au Canada. Au Québec, elle était en moyenne de 21 % ces cinq dernières années. Les pertes rapportées ce printemps par nos membres sont toutefois d’une ampleur historique, avec une moyenne de 60 %. C’est du jamais vu dans toute l’histoire du Québec », a déclaré le président des AADQ, Raphaël Vacher.
« La situation est critique non seulement pour le secteur apicole, mais aussi pour d’autres types de production qui s’appuient sur la pollinisation pour réussir leur saison. Les programmes d’aide habituels de La Financière agricole du Québec ne sont pas conçus pour faire face à ce contexte exceptionnel. Ce qui est requis, c’est un fonds d’aide spécialement dédié à la reconstruction du cheptel, au développement du secteur et à sa productivité. Les gouvernements doivent intervenir dès maintenant », a complété le président général de l’UPA, Martin Caron.
D’après Statistique Canada, en 2021, le secteur apicole québécois comptait plus de 500 producteurs (57 000 ruches), a produit 4,6 millions de livres de miel et a généré des revenus de 17 M$, auxquels il faut ajouter ceux issus de la location de colonies. La culture des arbres fruitiers, des petits fruits (bleuets, fraises, framboises, canneberges, etc.), des pommes, du canola et des courges est en effet difficile ou impossible, selon le cas, sans pollinisateurs. À titre d’exemple, les producteurs de bleuets du Québec louent près de 30 000 ruches chaque année pour polliniser leurs champs.
Ces dernières années, le déclin des populations d’abeilles a généré une vaste inquiétude chez les apiculteurs, la communauté scientifique et le grand public. L’action combinée de plusieurs facteurs est généralement mise en cause. Cette année, c’est spécifiquement le Varroa destructor, un parasite arrivé au Québec au début des années 90, qui est pointé du doigt. La floraison hâtive, les écarts de température durant l’hiver et les étés qui s’allongent sont tous des symptômes des changements climatiques qui confèrent au Varroa les conditions parfaites pour proliférer.
La surmortalité arrive aussi à un bien mauvais moment. Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement créent un effet inflationniste, même pour l’importation d’abeilles. L’importation peut uniquement se faire par avion, et les prix du transport ont quadruplé depuis le début de la pandémie. Il est donc beaucoup plus coûteux de les remplacer, en plus des risques de maladies que ces importations supposent. Mentionnons toutefois que l’importation n’est pas une solution pérenne pour le secteur, même dans les meilleures circonstances.
« Les produits utilisés pour combattre le Varroa destructor s’avèrent de plus en plus inefficaces et sont peu nombreux. L’aide d’urgence doit donc être accompagnée de montants significatifs pour la recherche de solutions alternatives. La pérennité du secteur apicole et de ceux qui en dépendent est en jeu », a conclu M. Vacher.
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