L’Organisation des Nations Unies (ONU) tiendra un Sommet mondial sur les systèmes alimentaires en septembre prochain. C’est dans ce cadre que s’inscrivait le dialogue virtuel du 25 mai dernier intitulé Nourrir l’humanité durablement — assises juridiques pour des systèmes alimentaires plus durables, organisé par la Coalition pour l’exception agricole et alimentaire. Le compte-rendu de nos échanges sera acheminé à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en préparation du sommet de l’ONU.
Se nourrir est essentiel. On se souvient tous de notre slogan Pas de nourriture sans agriculture. Si on poussait cette logique, on pourrait dire Pas de futur sans nourriture. Aujourd’hui, beaucoup trop de gens mangent trop, mal ou pas assez. Les maladies chroniques, comme le diabète de type 2, et l’obésité n’épargnent aucun pays alors que près d’un milliard d’êtres humains souffrent toujours de malnutrition. Nous vivons dans un monde à la fois d’abondance et de rareté alimentaires. Le gaspillage alimentaire, à lui seul, suffirait largement à nourrir tous ceux qui souffrent de la faim.
Aujourd’hui, 8 milliards d’êtres humains s’alimentent à partir des ressources de la terre ou de la mer. En 2050, nous serons 10 milliards. Plusieurs spécialistes estiment que le système alimentaire actuel sera alors insoutenable économiquement, écologiquement et socialement. La sécurité alimentaire est pourtant fondamentale et essentielle à la stabilité des États, du commerce et de l’économie. Nourrir l’humanité durablement doit donc être au cœur de la préoccupation de tous les pays, au même titre que la lutte aux changements climatiques.
Nourrir durablement signifie tout d’abord consommer durablement. La production agricole répond à la demande alimentaire et n’impose pas de choix aux consommateurs. Le lien entre l’alimentation et l’agriculture évolue. Les consommateurs sont de plus en plus conscients de l’impact de leurs choix sur leur environnement. Le contrat social présenté lors du dernier congrès général de l’Union était éloquent à cet égard. On peut définitivement améliorer notre autonomie alimentaire par les choix de consommation des citoyens.
Nourrir durablement, c’est aussi offrir et favoriser l’accès à des aliments de qualité pour tous. Les banques alimentaires sont de plus en plus sollicitées. Les revenus nécessaires pour se loger occupent une part de plus en plus grande du budget des familles. Le nombre de personnes en situation de dépendance alimentaire augmente constamment dans tous les pays.
Nourrir durablement, c’est limiter l’impact de l’alimentation et de l’agriculture sur l’environnement. La préservation de la qualité des sols et de l’eau ainsi que la protection de la biodiversité sont priorisées, car elles sont au cœur des préoccupations citoyennes, surtout chez les plus jeunes. C’est aussi s’adapter aux changements climatiques, qui risquent d’avoir un effet sur la productivité agricole et, par conséquent, sur le prix des principales denrées.
Nourrir durablement, c’est rémunérer correctement les producteurs agricoles pour leurs investissements et leur travail et, avant tout, tout miser sur l’autonomie alimentaire de chaque nation pour améliorer la sécurité alimentaire globale. Le dumping alimentaire met encore à mal le développement de l’agriculture locale dans bien des pays. Le commerce alimentaire et agricole est nécessaire à la sécurité alimentaire de plusieurs pays, dont le nôtre. Mais les droits commerciaux doivent s’exercer en appui aux droits à l’alimentation, à la protection de l’environnement et à la biodiversité. Il faut être cohérent et imposer aux produits importés les règles nationales, dans le respect des attentes sociétales.
La Coalition propose un projet de convention sur l’alimentation durable. Nous souhaitons que la FAO joue un rôle plus important dans les dossiers alimentaires mondiaux. Tout ne peut pas se régler et être déterminé par des solutions commerciales lorsqu’il est question de nourriture et de sécurité alimentaire. On peut agir localement et individuellement, mais nourrir durablement exigera des gestes concrets entre nations. À ce titre, le Québec et le Canada seront appelés à jouer un rôle important, comme c’était le cas pour l’exception culturelle.