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Le chiffre sale du mois : 8 milliards!

Published on 23 October 2015 - By Michel Tessier

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Un très gros chiffre, qui signifie quoi concrètement? Une fosse à lisier de 30 m de diamètre et remplie sur une hauteur de 4 m contient environ 2 900 000 litres de lisiers. C’est dire que le déversement des eaux usées de Montréal, pendant 7 jours, équivaut à la vidange de 2750 fosses! Parce qu’il n’y aurait pas d’autres solutions, parce qu’il en coûterait 1 milliard d’adopter une autre manière de faire, parce que de toute façon, on peut compter sur la capacité de dilution du fleuve, ouf! Toutefois, si l’astronomique chiffre de 8 milliards est exceptionnel, la pratique de recourir au fleuve comme égout à ciel ouvert ne le serait pas du tout.

Sur que ça verse…

Ainsi, en 2013, le ministère des Affaires municipales a répertorié 45 512 événements de surverse dont 1 314 à Montréal, 2 818 à Québec et plus de 700 à Trois-Rivières. Puisqu’il s’agit uniquement des rejets déclarés, il pourrait y en avoir bien davantage. On apprend aussi que ces surverses sont permises par le règlement encadrant les ouvrages d’assainissement des eaux usées et que les villes n’ont pas l’obligation d’en aviser les citoyens. De plus, il est impossible d’évaluer les volumes d’eaux rejetées dans la nature car… ils ne sont tout simplement pas mesurés! C’est ainsi que le tiers des égouts de Montréal, chargé de matières organiques et de phosphore, potentiellement migrera doucement vers le Lac St-Pierre, d’ici quelques jours.

Ce qui est bon pour minou ne le serait pas pour pitou?

Les entreprises agricoles sont souvent ciblées comme étant des contributeurs à la dégradation des cours d’eau : phosphore, nitrates, pesticides… Il ne s’agit pas ici d’utiliser une immense pollution ponctuelle pour justifier une pollution diffuse sur de grandes superficies. Dans les deux cas, la responsabilisation environnementale doit primer.

Depuis près de 20 ans, les déjections animales sont obligatoirement entreposées dans des structures étanches. Les surverses sont interdites. Les épandages des fertilisants naturels que sont les fumiers et lisiers se font selon des recommandations agronomiques inscrites dans un plan de fertilisation. Des distances séparatrices des cours et des points d’eau doivent être respectées de même que des dates limites d’épandage. Chaque année, des dizaines de km de bandes riveraines sont végétalisées d’arbres ou d’arbustes. Des pratiques comme le semis direct, les engrais verts, le travail minimum du sol sont déployées dans toutes les régions agricoles. De plus, une abondante réglementation encadre les activités agricoles en regard de la protection des cours d’eau.

Autant nous mesurons le chemin parcouru, autant le chemin à parcourir doit continuer de nous mobiliser. Vrai que les cours d’eau, grands ou petits, peuvent diluer des polluants. Vrai aussi qu’il est strictement démontré que cette capacité à une limite. La perchaude, les cyanobactéries, l’appauvrissement de la biodiversité nous le rappellent à chaque jour. À la veille de poser un acte d’une époque que nous pensions révolue, la métropole du Québec offre un choquant et triste spectacle. Véritable situation deux poids deux mesures, le message politique qui émane de cette crise a tout pour stimuler le cynisme. Il faut donc rappeler que, si le fleuve n’appartient à personne, toute entreprise, cité ou individu s’activant dans un bassin versant doit assumer sa responsabilité de protection de la ressource aquatique.