L’Union des producteurs agricoles qualifie de dangereuses les coupes de 14,5 % dans le secteur agricole. L’insécurité ainsi créée pourrait avoir des impacts désastreux sur les décisions d’investissement des producteurs agricoles.
Annoncer aux producteurs que La Financière agricole du Québec (FADQ) n’aura pas les fonds suffisants si les marchés ou la météo ne sont pas au rendez-vous n’est certainement pas une bonne idée dans un secteur aussi risqué. À titre d’exemple, les marchés du porc et des céréales sont à la baisse présentement et nul ne peut prédire l’allure qu’ils prendront au cours des douze prochains mois.
Dans son discours sur le budget 2015-2016, le gouvernement a annoncé des coupes de 151 M$ (25 %) au budget annuel de la FADQ. Cette décision fait de l’agriculture le secteur le plus touché et nuit à l’investissement, aux productions en émergence, à l’emploi et au développement régional. Pour éviter les conséquences négatives d’une telle annonce, il aurait fallu que le gouvernement rassure les producteurs quant à ses intentions à plus long terme.
Rappelons que l'agriculture, à titre de premier secteur primaire au Québec, et la transformation alimentaire, en tant que premier secteur manufacturier, sont des secteurs clés de notre économie. Ces derniers contribuent chaque année à hauteur de 17 G$ au produit intérieur brut québécois (5,9 %), procurent de l'emploi à plus de 200 000 personnes (1 emploi sur 20 au Québec) et génèrent des revenus de l'ordre de 4,5 G$ pour les divers paliers de gouvernement. Il est impératif que l’exercice 2015-2016 n’en soit qu’un de transition et que les budgets nécessaires soient au rendez-vous dès 2016-2017, et ce, pour une période de 5 ans. Envisager l’avenir autrement remettrait en question la pérennité du secteur agricole, fragiliserait nos entreprises et nuirait au maintien de milliers d’emplois au Québec.
D’où le besoin d’un engagement clair quant aux recommandations du Groupe de travail FADQ-MAPAQ-UPA sur la sécurité du revenu This link will open in a new window, transmises au ministre de l’Agriculture en décembre dernier. Ces recommandations font consensus et plusieurs d’entre elles peuvent être mises en oeuvre dès cette année, malgré les contraintes annoncées aujourd’hui. Au terme de cette année de transition, il importera toutefois de:
- rétablir dès 2016-2017 le budget de la FADQ à 600 M$ et faire en sorte que ce soutien soit accessible aux entreprises;
- élaborer des programmes assurant un accès équitable aux outils de gestion des risques à toutes les entreprises agricoles;
- offrir aux producteurs des programmes plus efficaces et plus performants afin d’assurer le développement de leur entreprise.
Programme de crédit de taxes foncières agricoles
En raison de l’évaluation biaisée des actifs agricoles et d’une taxation inéquitable, les producteurs supportent une part disproportionnée du coût des services municipaux. Une révision complète de la fiscalité foncière agricole est nécessaire afin que la méthode d’évaluation des terres et des actifs agricoles soit basée sur leur valeur agronomique. En n’annonçant pas une telle révision, comme le demande l’UPA depuis plusieurs années, le gouvernement doit continuer d’augmenter les crédits pour ce programme alors qu’il ampute les budgets de la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec et de la Commission de protection du territoire agricole, deux entités qui ont un besoin criant de ressources et qui sont
essentielles au développement de l’agriculture au Québec.
Rien pour la forêt privée
L’Union déplore également que le budget n’aborde pas spécifiquement l’intensification des investissements sylvicoles dans les forêts privées pour soutenir la relance de l’industrie forestière dans toutes les régions du Québec. Pourtant, plusieurs idées ont été proposées afin d’inciter les propriétaires forestiers à aménager leurs boisés et récolter du bois, dont l’abolition de la taxe sur les opérations forestières, la création d’un régime d’épargne et d’investissement sylvicole, la simplification des critères d’admissibilité au Programme de remboursement des taxes foncières pour les producteurs forestiers ou le financement adéquat des programmes de mise en valeur des forêts privées. L’Union invite donc le gouvernement à agir au plus tôt pour améliorer l’environnement d’affaires des producteurs forestiers.
Rappelons que plus de 130 000 individus, familles, petites entreprises et grandes corporations détiennent 6,5 millions d’hectares de forêts dans toutes les régions du Québec. De ce nombre, près de 35 000 détiennent le statut de producteur forestier. La récolte de bois privé correspond à 15 % de l’approvisionnement des usines de transformation. Les activités sylvicoles effectuées en forêt privée génèrent quelque 25 000 emplois ainsi que des revenus de 2,5 milliards de dollars par année pour les particuliers, entreprises et organismes impliqués.
Mesures générales intéressantes
En tant que l’un des plus grands réseaux de petites et moyennes entreprises (PME) au Québec, l’Union accueille positivement les mesures d’allègement fiscal pour les PME du secteur primaire ainsi que les nouvelles règles pour le transfert d’entreprises entre personnes liées, une demande de longue date de l’Union.