L’Union des producteurs agricoles (UPA) demande au prochain gouvernement québécois de mieux protéger la zone agricole, d’aider les jeunes à s’établir en agriculture et de limiter, voire d’interdire l’achat de terres agricoles par des sociétés d’investissement et des intervenants du secteur immobilier.
« Les conséquences de l’accaparement sur l’inflation du prix des terres, sur le dynamisme économique et social du milieu rural, sur le modèle d’agriculture et sur le métier d’agriculteur sont inacceptables pour la relève agricole », a ajouté la présidente de la Fédération de la relève agricole du Québec, Julie Bissonnette This link will open in a new window, précisant que l’accès aux terres agricoles est un enjeu majeur pour les jeunes agriculteurs, tout comme la protection de cette ressource limitée, non renouvelable et essentielle à la sécurité alimentaire des Québécois.
- Témoignages vidéo de jeunes de la relève disponibles ici This link will open in a new window.
Cette année marque le 40e anniversaire de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles (LPTAA). Malgré cette mesure de protection et même si elle ne représente que 2 % du territoire québécois, la zone agricole est constamment grappillée par l'étalement urbain. Au Québec ces cinq dernières années, près de 14 000 hectares de nos meilleures terres agricoles ont été sacrifiés à d'autres usages que l'agriculture. La protection et la préservation des terres agricoles doivent être des priorités. C'est une question vitale pour les générations futures en raison, notamment, des risques que représente le réchauffement climatique pour la sécurité alimentaire.
L’accaparement des terres agricoles est un phénomène qui menace de plus en plus l’atteinte de cet objectif. L’UPA dénonce depuis plusieurs années l’achat de grandes superficies de terres par des sociétés d’investissement. Les terres sont désormais considérées comme une valeur refuge par ces gros joueurs boursiers. À titre d’exemple, avec l’aide du Fonds de solidarité FTQ et de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Pangea terres agricoles a effectué 55 transactions dans 12 municipalités régionales de comtés (MRC) pour une valeur de 32 M$ entre 2012 et 2017.
Le secteur immobilier s’intéresse lui aussi de plus en plus au territoire agricole. Le nombre de transactions effectuées par des entreprises évoluant dans le domaine de l’immobilier (entrepreneurs, gestionnaires d’immeubles, investisseurs, etc.) est passé de 1 % pour la période de 2009 à 2013, à 8,1% pour la période de 2014 à 2017. À témoin, des entreprises comme Immeubles Maval (17 transactions dans 9 MRC pour une valeur de 21 M$) et Immeubles Renaud (23 transactions dans 4 MRC pour une valeur de 7,7 M$) multiplient les transactions depuis 2009.
Le nombre de transactions est aussi en constante augmentation au Québec. En 2009, on dénombrait moins de 325 transactions (tous intervenants confondus) impliquant une entreprise agricole ou située en secteur agricole. En 2017, ce nombre est passé à plus de 2 500 transactions. L’intérêt pour la zone agricole ne se dément pas.
Toutes ces transactions ont un impact sur la valeur des terres, qui continue de grimper en flèche. La valeur moyenne des terres en culture a plus que triplé entre 2007 et 2017 alors que l’inflation dépasse à peine 15 % au cours de la même période.
C’est pourquoi l’UPA demande au prochain gouvernement :
- de limiter à 100 hectares, pour une période de trois ans, la superficie que toute personne ou entité peut acquérir en une année à des fins autres que le transfert d’entreprises;
- de profiter de ce temps d’arrêt pour mettre en place des solutions à long terme en faveur des agriculteurs de métier et de la relève :
- tenir un registre public de toutes les transactions de terres agricoles en sol québécois;
- mettre en place un fonds de capital patient pour les jeunes qui veulent s’établir en agriculture;
- maintenir obligatoirement en culture les terres agricoles par l’introduction de mesures dissuasives pour empêcher que les terres soient laissées en friche (ex. : incitatifs fiscaux pour faciliter la location, retrait du crédit de taxes foncières pour les terres en friche, etc.).
« Les secteurs immobilier et de la haute finance ne sont pas intéressés à l’agriculture. Ces intervenants trouvent leur profitabilité dans l’augmentation rapide du prix des terres agricoles, à laquelle ils contribuent par la spéculation. Pour les générations futures et notre sécurité alimentaire, il est urgent d’agir », a conclu Marcel Groleau.