Rimouski, le 13 décembre 2024 – La Fédération de l’UPA du Bas-Saint-Laurent applaudit le travail effectué par les chercheurs de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) au sein du rapport Le modèle agricole québécois à l’épreuve de l’agriculture de capitauxThis link will open in a new window. Ce dernier fait la démonstration des mécaniques en cours et dénoncées par la Fédération régionale, depuis quelques années, dans l’accaparement de terres agricoles déjà en exploitation au Bas-Saint-Laurent.
Le rapport, commandé par la MRC de La Mitis, met en lumière la réalité vécue sur ce territoire, mais qui a jadis déjà été observée ailleurs au Bas-Saint-Laurent, notamment dans la MRC de Kamouraska. L’approche, qui consiste en un groupe d’investisseurs qui achète des terres agricoles déjà exploitées, sans habiter la région où elles se trouvent, fait craindre, à moyen et long terme, la disparition du modèle de propriétaire-exploitant sur lequel repose l’agriculture québécoise depuis la fin du régime seigneurial et qui assure l’occupation du territoire.
« Le rapport fait la démonstration que l’agriculture de capitaux peut être très insidieuse. Ce ne sont pas seulement des investisseurs qui n’ont rien à voir avec le monde agricole qui se portent acquéreurs de nos fermes, mais des intégrateurs délocalisés, en production ailleurs au Québec, qui ont droit aux mêmes aides et programmes de soutien que les petites et moyennes fermes de notre région. Les conséquences de ce type d’agriculture, si on n’intervient pas, seront catastrophiques pour une MRC comme La Mitis », résume Yannick Côté, président du Syndicat de l’UPA de La Mitis.
À cet effet, un graphique du rapport résume de façon plutôt éloquente le cercle vicieux engendré par l’agriculture de capitaux. Un groupe d’investisseurs disposant de leviers financiers importants fait l’acquisition de terres déjà en exploitation, créant un obstacle à l’établissement de la relève agricole. En démantelant les fermes pour se concentrer qu’à la culture des terres, une diminution de la masse critique des propriétaires-exploitants s’ensuit, contribuant à la dévitalisation économique des milieux qui se transforment progressivement en pôles d’extraction agricole. En ajoutant ces actifs à son portefeuille, le groupe d’investisseurs accroît ses capacités financières pour se porter acquéreur d’autres terres agricoles.
Propositions
Les chercheurs avancent cinq propositions dans leur étude pour éviter la prolifération de l’agriculture de capitaux et réaffirmer la prévalence du modèle québécois de propriétaire-exploitant. Ces propositions – mettre en place un Observatoire du foncier agricole; réviser les programmes de soutien à l’agriculture; plafonner l’acquisition de terres agricoles; soutenir la création d’un dispositif régional d’acquisition et de transfert de terres agricoles à la relève; améliorer et structurer l’offre de financement des projets d’établissement – recoupent à plusieurs égards celles émises par le Comité de réflexion sur l’accès aux terres agricoles de l’UPA et qui ont été présentées le 11 novembre dernier par Paul Doyon, 1er vice-président général de l’Union, lors de la journée Ensemble pour notre agriculture tenue à Rivière-du-Loup.
« Notre Fédération se portera toujours à la défense des entreprises agricoles de petites et moyennes tailles qui occupent le territoire et dynamisent nos communautés. C’est pourquoi la situation vécue au Bas-Saint-Laurent ne doit pas être prise à la légère. Le MAPAQ et le gouvernement du Québec ont le devoir d’en prendre acte et de veiller à appliquer les recommandations déjà formulées s’ils tiennent à préserver le modèle agricole qui a toujours prévalu au Québec », conclut Nathalie Lemieux, présidente de la Fédération de l’UPA du Bas-Saint-Laurent.