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Les quotas, qu'ossa donne?

Published on 15 November 2017 - By l'UPA

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« J’en suis réduit à regarder mon voisin et à espérer qu’il fasse faillite avant moi! » Nous sommes en 2009, en Californie, et la crise économique de 2008 fait mal. Le producteur de lait qui parle vend son lait à un prix inférieur à son coût de production. Pourquoi la gestion de l’offre? Pour Maurice Doyon, cet exemple répond de façon percutante à la question.

Le professeur du département d’économie agroalimentaire et des sciences de la consommation de l’Université Laval présentera une conférence le 23 novembre à Mont-Tremblant, à l’invitation de l’UPA Laurentides‒Pays-d’en-Haut. Il voit le système de quotas qui régit la production de lait, d’œufs et de volaille au Québec comme un moyen de corriger un marché par nature inefficace, insoutenable pour les fermes de petite et moyenne taille.

Discipline vs montagnes russes

Ici, les producteurs sous gestion de l’offre se concertent et se disciplinent sur la quantité à produire pour satisfaire la demande et stabiliser les prix. De l’autre côté de la frontière, les producteurs américains sont à la merci de la fluctuation des prix.

Résultat : le niveau de production et le revenu net des entreprises fluctuent en dents de scie. Pour résister à ces montagnes russes, il faut avoir les nerfs et les reins solides. À terme, seules les très grosses fermes peuvent passer à travers.

Maurice Doyon était en Californie en 2009, lors d’une rencontre où producteurs de lait et décideurs faisaient le point sur la situation. « Les prix avaient chuté de 40 % en deux mois, se rappelle-t-il. Les coûts de production sont très bas là-bas et on était en deçà. » Le producteur qui avait pris la parole expliquait : « Moi, si je baisse ma production et que mes voisins le font aussi, on est sortis du problème. Mais si je baisse ma production et que les autres ne le font pas… »

Dans un tel contexte, les producteurs « ont intérêt à augmenter leur production, juste pour générer des revenus, même s’ils font des pertes : ils doivent payer la banque », illustre M. Doyon. Ironiquement, ils nourrissent ainsi le cercle vicieux : les prix plongent encore davantage…

« Le marché laissé à lui-même est un oligopole. La gestion de l’offre est un outil de coordination qui permet de rétablir une situation similaire à ce qu’on retrouverait dans un marché concurrentiel. »

— Maurice Doyon

Les prix moins volatils engendrent une plus grande stabilité financière des entreprises agricoles, un contexte favorable à l’investissement et un environnement propice pour le développement d’un plus grand nombre de fermes familiales de petite et moyenne taille.

Ces entreprises sont des moteurs pour l’activité économique des régions et contribuent donc à leur pérennité, souligne M. Doyon, coauteur d’une étude qualitative effectuée dans trois villages québécois. L’impact de la présence de ces entreprises dans une communauté est en grande partie engendré par l’activité d’entreprises qui gravitent autour des agriculteurs, en leur vendant des intrants et des services. « C’est l’effet du réseau, des activités connexes », résume-t-il.

Une conférence grand public

Bon communicateur et vulgarisateur, le professeur Doyon s’adressera autant aux producteurs et intervenants désirant mieux comprendre la gestion de l’offre qu’au public non initié qui entend parler fréquemment de ce système dans les médias.

« Je réponds en fait à la question : la gestion de l’offre, qu’ossa donne? » lance M. Doyon. Après un cours en accéléré sur le sujet, le conférencier ouvrira diverses pistes de réflexion, comme la possible contribution de ce système à une agriculture plus durable.

Il transportera son auditoire en Nouvelle-Zélande, pour tracer des parallèles entre le système en place dans l’industrie du lait de ce pays et celui qui prévaut ici. Le conférencier promet également de déboulonner quelques mythes, comme l’affirmation selon laquelle les systèmes de quotas du Canada sont à l’origine de prix plus élevés qu’aux États-Unis.

Maurice Doyon n’est pas dépourvu de sens critique envers le système de la gestion de l’offre qui « est loin d’être parfait et pourrait être amélioré », écrivait-il dans Le Devoir en mai 2017. Seulement, le débat doit être « ancré dans la réalité, fondé sur les faits et non pas sur une position purement idéologique ».

Les détracteurs de la gestion de l’offre qui estiment que le système est sclérosé, incapable de favoriser le dynamisme des entreprises, sont actuellement en contradiction avec la réalité vécue dans les secteurs du lait, des œufs et de la volaille, note M. Doyon. « C’est la première fois, à ma connaissance, que les trois sont en croissance simultanément. Il y a quelque chose qui se passe. »

 

Quotas : problème ou solution pour une agriculture durable?

Conférence publique gratuite23 novembre, 19 hÉglise St-Jovite, salle Mgr Parent950, rue de St-Jovite, Mont-Tremblant
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