De la grande dépression, en passant par l’après-guerre, la théorie économique agricole se confirme encore aujourd’hui! Évoqué pour la première fois en 1938 par l’économiste de renom John Kenneth Galbraith, le problème agricole demeure plus actuel que jamais selon plusieurs de ses homologues contemporains.
En effet, les raisons historiques pour lesquelles les États ont, à la fin des années 30, commencé à mettre en place des mesures visant à stabiliser et soutenir les prix et les revenus agricoles sont encore bien présentes. Qui plus est, de nouveaux risques tels la volatilité des prix liée à la globalisation des marchés, la fréquence d’événements climatiques extrêmes, les flambées de maladies des élevages ou des cultures accentuent leur pertinence. C’est la conclusion à laquelle arrive le Groupe AGÉCO dans une nouvelle étude intitulée « L’intervention de l’État en agriculture : toujours pertinente au 21e siècle? ».
Et l’enjeu pourrait très bien être de taille, en comparaison avec ce qu’il était dans les années 30, alors qu’il faudra nourrir neuf milliards d’habitants à l’horizon 2050. La crise alimentaire de 2008 en fait foi.
Pour l’Union des producteurs agricoles, cette étude confirme que les États vont maintenir leur soutien au secteur agricole, raison pour laquelle ils préfèrent négocier des accès aux marchés, comme ce fut le cas dans les derniers accords commerciaux multilatéraux, plutôt que d’ouvrir des pourparlers sur les niveaux de soutien accordés. Cette étude démontre également que les recommandations récentes du Comité de révision des programmes prônant l’abolition des principaux filets de sécurité québécois en agriculture sont déconnectées de la réalité économique du secteur. Ces programmes ont non seulement leur raison d’être, mais ils devront être bonifiés à très brève échéance.
La création de conditions favorisant l’investissement et le développement de la production agricole représente un enjeu majeur auquel les États auront à faire face à une étape cruciale où, pour la première fois, la croissance de la demande pourrait être supérieure à la croissance de l’offre.
À l’heure où l’intervention de l’État en agriculture est remise en question par plusieurs acteurs de la société, il est clair qu’un désengagement créerait un environnement décourageant l’investissement et limitant le développement de la production. Dans un contexte d’insuffisance de l’offre, c’est toute la sécurité alimentaire mondiale qui est en jeu. Nos partenaires commerciaux, notamment les États-Unis et l’Europe, l’ont bien compris!
Avec la publication de « L’industrie agroalimentaire : un puissant levier de développement économique » par l’Institut du Québec le 6 novembre, et avec le dévoilement la semaine dernière de « Climat d’accaparement : changements climatiques, accaparement des terres et sécurité alimentaire » par la Fondation David Suzuki – section Québec, l’étude d’AGÉCO complète une trilogie de recherches bien documentées sur l’importance et les moyens d’assurer la pérennité de l’agriculture.