Deux faits d’actualité me poussent à écrire ces quelques lignes; la hausse de prix exubérante du bois de construction et la vente de Domtar pour 3 milliards $.
Saviez-vous que les producteurs forestiers du sud du Québec reçoivent le même prix qu’en 1995 pour leur bois? Afin d’obtenir de bons rendements, une demande de mise en marché collective dans le bois de sciage de sapin-épinette fut déposée en 2017 par le Syndicat des producteurs forestiers du Sud du Québec à la Régie des marchés agricoles. À coup de centaines de milliers de dollars de frais d’avocat, certains groupes menés par Domtar s’y opposent. Le Syndicat, aidé par l’UPA dépense aussi pour défendre son projet, bloqué depuis ce temps. La décision de la Régie est attendue sous peu, heureusement.
Bravo Domtar pour ce flagrant manque de cohérence! Comment expliquez-vous qu’au bénéfice de vos actionnaires, fusionner, se regrouper, s’agrandir ou devenir «big» soit bon; tandis que vous n’hésitez même pas à nuire à vos propres fournisseurs, les producteurs? Ceux-ci désirent se regrouper et obtenir un prix décent pour leur bois. Par votre affront, vous obligez vos meilleurs partenaires à se battre pour faire reconnaître leur droit.
Toutes les productions agricoles, organisées par une mise en marché collective solide, reçoivent un prix négocié pour leurs produits; ce qui assure un revenu minimum décent aux producteurs. Pourquoi le refusez-vous aux producteurs de bois du Sud du Québec? Saviez-vous que 6 régions sur 13 fonctionnent déjà sous plan conjoint dans le bois sciage résineux au Québec? Elles profitent présentement de la hausse des prix du bois; même si elles sont situées très loin de l’énorme marché nord-américain; notre voisin immédiat.
Ici, la mise en marché collective existe dans la production de bois de pâte. Domtar est acheteur et ça fonctionne. Dans le bois de sciage toutefois, Domtar refuse de l’implanter. Vous cherchez l’erreur? Saviez-vous que Domtar est elle-même productrice sur d’immenses superficies? Ce qui en fait le plus important vendeur de bois de sciage, capable de contrôler une grande partie du marché avec les quelques scieries de la région, certains entrepreneurs et certains transporteurs. J’espère que cela vous aide à comprendre pourquoi Domtar ne souhaite pas que quelqu’un d’autre qu’elle, c’est-à-dire notre syndicat de tous les producteurs, soit à même de négocier les prix sur ce marché à sa place.
Une forêt privée détenue par des milliers de producteurs est bien plus souhaitable qu’une forêt appartenant à quelques grandes entreprises; tantôt canadiennes, tantôt étrangères. C’est tout un combat que doivent livrer les producteurs en ce moment. Levons-leur notre chapeau et appuyons-les de toute la force de notre Union; de notre solidarité. Quand chacun des maillons de la filière reçoit un juste prix pour son travail, toute l’économie y gagne.