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Secteur agricole: le Québec et le Canada peuvent et doivent en faire plus!

Published on 26 August 2016 - By Émilie Bolduc

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Lévis, 25 août 2016 – Réunis à Lévis pour faire le point sur les défis agroalimentaires de l’heure et convenir des priorités de l’automne, l’Union des producteurs agricoles (UPA), ses 12 fédérations régionales et ses 27 groupes spécialisés ont passé en revue les principaux gains et réalisations de l’Union depuis le Congrès général de décembre dernier.

Les nombreux participants à cette rentrée syndicale agricole ont également lancé un message clair aux gouvernements du Québec et du Canada : « L’agriculture de chez nous a un avenir si les producteurs d’ici ont un soutien équivalant à celui qui est accordé aux producteurs européens ou américains. Le Québec et le Canada peuvent et doivent faire plus », a déclaré le président général de l’UPA, Marcel Groleau, ajoutant que nos compétiteurs internationaux continuent d’être soutenus par des politiques agricoles agressives, car leurs gouvernants ont identifié l’agroalimentaire comme un levier économique important.

La demande alimentaire pour des produits de qualité est en forte croissance à l’échelle de la planète. Pour nourrir la population mondiale en 2050, la production d’aliments devra augmenter de 70 %, selon les experts. Mais les budgets et les mesures pour assurer la compétitivité de nos entreprises agricoles ne sont pas au rendez-vous.

Des données inquiétantes pour le secteur agricole québécois

Lorsque l’on compare le secteur agroalimentaire québécois à celui du reste du Canada, et plus particulièrement à celui de l’Ontario, il y a des raisons d’être inquiets. Selon Statistique Canada, les dépenses en immobilisations dans le secteur agricole québécois sont en effet passées de 496 M$ à 609 M$ (+ 23 %) entre 2006 et 2015. Pendant cette même période, elles sont passées de 1,6 G$ à 4,2 G$ au Canada (incluant le Québec) (+ 160 %). L’Ontario a quant à elle vu ses investissements doubler, de 722 M$ à 1,4 G$ (+ 94 %).

Autres statistiques inquiétantes : les dépenses en recherche et développement des entreprises du secteur agroalimentaire québécois ont diminué de 30 % entre 2008 et 2015, soit de 199 M$ à 139 M$ pour la transformation alimentaire et de 105 M$ à 73 M$ pour la production agricole.

L’agriculture québécoise est aussi aux prises avec un défi unique en matière de main-d’oeuvre dont les conséquences sont bien réelles. Selon une étude récente du Conference Board du Canada, 1 emploi sur 12 était vacant dans le secteur en 2014, comparativement à 1 sur 36 dans tous les autres secteurs.

Le gouvernement du Québec doit miser davantage sur le secteur agroalimentaire

Les producteurs agricoles, comme le milieu des affaires, posent des gestes en fonction des signaux qu’ils perçoivent. La décision d’investir repose sur leur confiance en l’avenir. Ils ont donc besoin de signaux positifs, capables de stimuler les investissements à la ferme. Malheureusement, le gouvernement du Québec tarde à donner suite au rapport du Groupe de travail UPA-MAPAQ-FADQ sur la sécurité du revenu.

La décision de retirer l’accès au programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) dans les productions de soya, de maïs et de pommes de terre expose les producteurs de ces secteurs à des risques beaucoup plus importants. L’ASRA est un programme de partage des risques qui protège les entreprises contre la volatilité des prix des marchés. La FADQ attend depuis plusieurs mois les directives du ministre pour mettre en oeuvre les  recommandations du Groupe de travail pour assurer le développement du secteur agricole et l’établissement des jeunes en agriculture. Lors de la dernière campagne électorale, l’agriculture était pourtant identifiée comme une priorité.

Le gouvernement du Québec doit rapidement se doter d’une stratégie québécoise de l’agroalimentaire. Dans son dernier discours sur le budget, Québec a enfin donné suite au consensus sur le potentiel de développement du secteur en annonçant la mise en oeuvre d’une stratégie au cours de l’année 2016-2017, en collaboration avec le milieu. Rien n’a bougé depuis cette annonce. Le milieu a pourtant déjà identifié trois priorités : stimuler les investissements des entreprises, investir en recherche et développement et pallier la pénurie de main-d’oeuvre.

Les changements proposés au Programme de crédit de taxes foncières agricoles (PCTFA) sont très mal reçus par les producteurs. La facture assumée par ces derniers augmentera en moyenne de 30 à 40 %. L’enjeu fondamental de ce dossier est la valeur taxable du foncier agricole. Tant que cette question ne sera pas abordée dans le cadre d’une véritable réforme, on passera à côté des véritables solutions. Dans les circonstances, l’UPA souhaite le maintien du PCTFA dans sa forme actuelle ainsi qu’une table de travail réunissant les organisations et les ministères concernés pour une réelle réforme de ce programme, dont les coûts ont explosé.

Nos attentes envers le gouvernement du Canada

De son côté, le gouvernement fédéral doit profiter de l’actuel renouvellement du Cadre stratégique agricole pour majorer de façon substantielle le soutien accordé à son secteur agricole (actuellement inférieur à celui de ses principaux compétiteurs et à la moyenne de l’Organisation de coopération et de développement économiques l’OCDE), combler le retard actuel en recherche et développement et apporter des changements significatifs à ses

programmes de gestion des risques. Ces programmes doivent mieux répondre aux besoins des producteurs. Rappelons que la dernière mouture de Cultivons l’avenir 2 a été amputée de quelque 260 M$ par année.

Il est également impératif de faciliter l’accès aux travailleurs étrangers temporaires en éliminant les contraintes, en simplifiant le traitement des  demandes et en leur permettant d’étendre leur période de travail en sol canadien. Du côté de la main-d’oeuvre locale, le programme d’Assurance-emploi doit tenir compte du caractère saisonnier des secteurs agricoles, de la foresterie privée et de certaines entreprises de transformation agroalimentaire.

Une gestion déficiente des frontières

Les producteurs de lait réclament depuis des mois des gestes concrets du gouvernement fédéral concernant le dossier du lait diafiltré. En 2015, les producteurs canadiens ont perdu quelque 220 M$ de revenus en raison de ces importations. Ces derniers veulent aussi la confirmation qu’ils seront compensés pour les dommages annuels d’environ 400 M$ que leur causera à terme l’entrée en vigueur des ententes de libre-échange du Partenariat transpacifique (PTP) et de l’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne.

De plus, le gouvernement canadien permet aux transformateurs des produits sous gestion de l’offre l’accès au programme de report de droits de douane pour importer des produits laitiers. Dans le cas du secteur laitier, l’importation de plusieurs milliers de tonnes de matière grasse laitière a déséquilibré le marché du beurre et causé des pertes importantes aux producteurs. Le secteur de la volaille est également affecté par ce problème. Le gouvernement doit mettre en oeuvre son engagement d’exclure les produits sous gestion de l’offre du programme de report des droits de douane. Il doit aussi s’attaquer à l’importation massive de poules de réforme, sans tarifs douaniers, en provenance des États-Unis.

« Des milliers d’entreprises agricoles sont à bout de souffle alors que d’autres vivent dans l’incertitude, faute de signaux clairs des deux paliers de gouvernement. Il est temps que les choses bougent pour le mieux », a terminé Marcel Groleau.