L’Association des détaillants en alimentation du Québec (ADA), le Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ) et l’Union des producteurs agricoles (UPA) confirment leur participation à la démarche de consultation annoncée aujourd’hui en vue du Sommet sur l'alimentation. Les trois organisations tiennent toutefois à souligner que l’adoption d’une politique bioalimentaire est un objectif prioritaire et qu’il y a urgence d’agir. Or, la démarche du gouvernement du Québec suppose malheureusement des délais additionnels.
Des données inquiétantes pour le secteur
Lorsque l’on compare l’agriculture et la transformation alimentaire du Québec au reste du Canada, et plus particulièrement à l’Ontario, il y a en effet des raisons d’être inquiets. Selon Statistique Canada, les dépenses en immobilisations dans le secteur agricole québécois sont en effet passées de 496 M$ à 609 M$ (+ 23 %) entre 2006 et 2015. Pendant cette même période, elles sont passées de 1,6 G$ à 4,2 G$ au Canada (incluant le Québec) (+ 160 %). L’Ontario a quant à elle vu ses investissements doubler, de 722 M$ à 1,4 G$ (+ 94 %).
Autres statistiques inquiétantes : les dépenses en recherche et développement des entreprises agricoles et de transformation alimentaire québécoises ont diminué de 30 % entre 2008 et 2015, soit de 199 M$ à 139 M$ pour la transformation alimentaire et de 105 M$ à 73 M$ pour la production agricole.
L’agriculture québécoise est aussi aux prises avec un défi unique en matière de main-d’œuvre dont les conséquences sont bien réelles. Selon une étude récente du Conference Board du Canada, 1 emploi sur 12 était vacant dans le secteur en 2014, comparativement à 1 sur 36 dans tous les autres secteurs.
Ces constats sont à l’origine de la démarche commune de l’UPA et du CTAQ pour une stratégie québécoise, en novembre 2015, avec l’appui de La Coop fédérée, du Mouvement Desjardins et de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval. L’ADA et la Fédération des municipalités du Québec ont aussi exprimé leur appui.
« La demande alimentaire pour des produits de qualité est en forte croissance à l’échelle de la planète. Pendant qu’on relance le bioalimentaire dans une 9e consultation depuis 2008, nos compétiteurs canadiens et internationaux se positionnent dès maintenant pour profiter des opportunités », a déclaré le président général de l’UPA, Marcel Groleau, précisant que l’échéancier annoncé aujourd’hui s’appuie sur l’actuelle consultation du gouvernement canadien, qui prévoit l’entrée en vigueur de son nouveau Cadre stratégique agricole en 2018. Devons-nous comprendre que la future politique québécoise se limitera aux paramètres de l’entente fédérale-provinciale?
« Les investissements actuels en recherche et développement ne sont pas à la hauteur et sont même inférieurs à ceux réalisés en moyenne dans les autres secteurs d’activité. Sans remettre en question la volonté du gouvernement d’identifier des positions consensuelles, il reste que des efforts importants sont requis le plus rapidement possible », a ajouté la présidente du CTAQ, Sylvie Cloutier.
Mentionnons par ailleurs que la majorité des produits agroalimentaires québécois sont destinés à l’exportation. Les attentes des consommateurs québécois sont importantes, mais il faut aussi tenir compte de la concurrence à laquelle nous sommes confrontés sur la scène internationale. La balance commerciale de l’agroalimentaire québécois est en jeu.
Pour le président-directeur général de l’ADA, Florent Gravel, « Le Québec a longtemps fait figure de leader au Canada en matière de promotion de l’achat local. Pendant qu’ici on réserve des fonds de tiroirs à Aliments du Québec, seulement dans la dernière année nos voisins ontariens ont investi 21 M$ dans des projets pour la promotion des produits alimentaires locaux. Pour l’Ontario l’alimentation est un secteur économique clé, qu’attend Québec pour faire de même? »