Nous apprenions dernièrement que 2021 a marqué un sommet en termes de vente de pesticides au Québec. Vous avez raison d’être surpris. Vous vous dites : après tous les efforts qu’on a faits depuis 20 ans comment cela est-il possible?
Quand on regarde les chiffres de plus près, on constate que l’utilisation agricole est stable, mais que les ventes d’herbicides en milieu urbain ont augmenté; au grand dam des pollinisateurs. Près de 30 %, des pesticides sont utilisés en milieu urbain sur des petites superficies pour des fins esthétiques.
Pour l’utilisation agricole, les ventes correspondent à la moyenne des cinq dernières années. Et ce, malgré une augmentation des superficies en céréales attribuable à la diminution du nombre de bovins et des superficies en foin et pâturage leur étant destinées.
Le gouvernement du Québec s’est donné comme cible d’ici 2030 de réduire les risques associés aux pesticides de 40 %. Ironiquement, au lieu de réglementer l’utilisation à des fins esthétiques, il a choisi de complexifier le travail des producteurs et de leurs agronomes en exigeant davantage de paperasse au lieu de mieux les accompagner.
Manifestement, il manque de vision d’ensemble. Ironiquement aussi, les messages sans nuance propagés au sujet de la consommation de viande rouge ont produit leurs effets. On en mange moins. Les superficies en foin sans pesticides sont remplacées par des cultures utilisant des pesticides.
En attendant une illumination ministérielle, espérons que les données de 2023 refléteront les effets bénéfiques des défis pissenlits adoptés par plusieurs municipalités. Encourager les producteurs de viande locale serait aussi pertinent; en plus d’améliorer leur accès à des abattoirs partout au Québec.
Le sondage sur l’inflation mené par l’Union a tout de même incité le ministre Lamontagne à annoncer une aide d’urgence pour les entreprises agricoles en difficulté. Il s'agit d'un prêt de fonds de roulement de 50 000 $ sans remboursement de capital et d’intérêts pour les 3 premières années. Communiquez avec la Financière agricole du Québec (FADQ) pour savoir comment vous en prévaloir; que vous soyez client ou pas.
Toutefois, cette aide est mal adaptée pour mener à bien la restructuration du secteur porcin. Les représentants des Éleveurs de porcs du Québec ont rencontré le ministre Lamontagne et les gens de la FADQ à ce sujet. Des représentants de l’Estrie ont accompagné David Duval à une rencontre semblable à Sherbrooke pour sensibiliser la ministre fédérale de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau.
Michel Brien, producteur de lait et de foin de commerce à Racine
Président de la Fédération de l'UPA-Estrie