C’est sous le thème « Ensemble pour nourrir et faire grandir l’Abitibi-Témiscamingue » que se réunissaient aujourd’hui les productrices et producteurs agricoles et intervenants du milieu dans le cadre de la 51e assemblée générale annuelle de la Fédération de l’UPA d’Abitibi-Témiscamingue. Pascal Rheault qui avait été nommé en mars 2018, pour terminer le mandat à la présidence, a été élu par l’assemblée pour un mandat de deux ans.
Les participants ont pris connaissance du rapport d’activité de la dernière année et ils ont échangé sur les dossiers d’actualité. Ils ont pu également assister à la présentation d’une conférence du groupe AGÉCO, « La viande au banc des accusés ». Dans le contexte où plus de 61 % des recettes monétaires agricoles de la région proviennent de la production animale, le mouvement anti-viande et la désinformation sur plusieurs enjeux préoccupent les agriculteurs et agricultrices.
« L’assemblée générale a été l’occasion de discuter des nombreux défis qui nous touchent », mentionne Pascal Rheault. « Les attaques envers les producteurs, productrices et la production agricole, les mouvements anti-viande, les questionnements sur les pesticides, le reboisement des terres agricoles en friches, les programmes de soutien du revenu qui ne répondent pas aux besoins, les normes de bien-être animal auxquelles il faut s’adapter, la Loi sur les milieux humides et hydriques en sont des exemples ».
Les délégués ont renouvelé la demande au gouvernement du Québec de mettre en place un programme complémentaire de soutien du revenu pour les fermes de petite taille et les régions périphériques. Ce programme aurait un véritable effet structurant sur l’agriculture de notre région. Cette demande a aussi été adressée directement au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec, André Lamontagne, lors de son passage en région en août dernier. « Ça fait plusieurs années qu’on en parle, mais le besoin d’un programme adapté à nos réalités régionales est encore d’actualité. Nous avons réitéré au ministre qu’il était urgent d’agir. L’analyse du dossier a assez duré! », d’ajouter M. Rheault.
Aussi, considérant que les budgets du gouvernement fédéral, dédiés à l’agriculture, ont chuté de 35 % entre 2007 et 2017 (de 4,3 G$ à 2,8 G$), une bonification significative des budgets alloués aux programmes de sécurité du revenu est nécessaire afin d’être compétitifs avec les autres pays. Selon M. Rheault, « La chute importante des fermes de notre région, soit 37 % entre 2006 et 2016, est en lien direct avec les coupures dans les budgets agricoles. Tous les pays industrialisés soutiennent leur agriculture et après des années de coupes, il est temps de redonner confiance aux agriculteurs d’ici. Les guerres commerciales, ça ne se gagne pas "en culottes courtes"! C’est une attente que nous avons déjà adressée en campagne électorale et que nous rappellerons au nouveau gouvernement ».
Même son de cloche du côté du premier vice-président général de l’UPA, Martin Caron. « Les agriculteurs et les agricultrices doivent pouvoir compter sur des programmes qui leur permettent de gérer les risques inhérents à leur métier et traverser les crises. Ils ne peuvent pas continuer d’assumer seuls la pression exercée par les conflits commerciaux, les ententes internationales, l’importation massive d’aliments étrangers, les changements climatiques, les attentes sociétales et les maladies des cultures et des troupeaux », a-t-il ajouté.
Un autre enjeu spécifique à la région est le reboisement des terres agricoles en friches. L’Agence régionale de mise en valeur des forêts privées de l’Abitibi a obtenu des sommes d’un programme fédéral visant à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Pour l’ensemble de la province, ce sont 5 000 hectares (ha) en friche agricole qui seront boisés, dont près de la moitié du programme est concentrée dans une seule région, la nôtre. Pour le président de la fédération, « de tels programmes gouvernementaux doivent faire preuve de vision et exigent un regard à long terme. Quand on reboise une terre agricole, on la détourne de sa vocation et on saisit cet espace pour la forêt pour au moins un demi-siècle. Nous sommes d’accord pour favoriser le développement de la foresterie privée en Abitibi-Témiscamingue, mais cela ne doit pas se faire au détriment de la zone agricole. Les deux doivent être complémentaires. »
« Quand la pression augmente de toute part et que la reconnaissance est difficile, quand c’est notre mode de vie qui est en jeu, c’est là que la détresse s’installe. C’est pour protéger nos acquis, notre mode de vie et améliorer nos conditions communes que je m’investis dans mon rôle de président. Malgré les défis, marchons avec le corps droit, soyons fiers de ce que nous sommes, soyons fiers d’être des producteurs et des productrices agricoles », c’est le message qu’a lancé le président en conclusion de son allocution à l’assemblée.