Le Québec n’avait pas vu depuis longtemps une élection générale où quatre formations politiques feraient bataille pour quelques dizaines de sièges à l’Assemblée nationale, tout au plus. Des luttes à trois (et même plus) sont à prévoir dans plusieurs circonscriptions, ce qui réserve parfois des surprises. La régionalisation de certains appuis, le taux de participation, la dynamique de la campagne et l’absence de proportionnalité ont aussi une incidence importante sur le score final.
Le parti au pouvoir, quant à lui, est largement en avance dans les sondages. Comme l’indiquait récemment le sondeur Jean-Marc Léger, « c’est exactement le score moyen que la Coalition avenir Québec a obtenu depuis 12 mois. Donc, son vote se consolide ».
Mais dans tous les scénarios, il est clair que les agricultrices et les agriculteurs doivent se faire voir et entendre pendant la campagne. L’attachement des Québécoises et des Québécois à l’agriculture de chez nous est plus fort que jamais. La Politique bioalimentaire 2018-2025, les investissements importants qui ont suivi et la réponse des gouvernements à plusieurs demandes du secteur agricole, en l’occurrence pendant la crise sanitaire, sont conséquents avec cet engouement collectif pour l’achat local, l’autonomie alimentaire et l’adaptation des pratiques durables.
L’adhésion, la détermination et l’engagement des productrices et des producteurs, en tant que professionnels responsables et essentiels à l’atteinte des objectifs de ce grand projet de société, ont fortement contribué aux succès bioalimentaires du Québec ces dernières années. La résilience des entreprises agricoles du Québec, à qui l’on demande de nourrir durablement les consommateurs d’ici et d’ailleurs, doit toutefois être prise en compte. En effet, nos entreprises agricoles évoluent dans un contexte d’endettement croissant et de rentabilité moindre, au sein d’un environnement fiscal et réglementaire qui ne favorise pas toujours la croissance, sans soutien comparable à ceux de leurs principaux compétiteurs internationaux. La situation géopolitique, la volatilité des marchés, la croissance fulgurante des coûts de production, l’augmentation vigoureuse des taux d’intérêt, la pénurie de main-d’œuvre, la lourdeur administrative, la hausse soutenue de la valeur des terres, les changements climatiques et l’actualisation nécessaire de plusieurs programmes de soutien accentuent très fortement l’impact de ces lacunes. Les entreprises de la relève ou en démarrage, en raison notamment de leur endettement plus élevé, sont particulièrement affectées.
C’est pourquoi il faut privilégier, en toutes circonstances, des politiques et des mesures qui permettent aux productrices et aux producteurs agricoles et forestiers de vivre pleinement de leur métier. C’est en favorisant la résilience des entreprises et en reconnaissant le professionnalisme des productrices et des producteurs que le Québec atteindra ses objectifs alimentaires. À cet égard, le projet de loi 41 (réforme de la Loi sur les agronomes) déposé en juin dernier niait l’expertise des agricultrices et des agriculteurs et limite leur autonomie, ce qui ne répond assurément pas aux besoins et aux attentes exprimées. Chaque formation politique doit prendre acte de la réaction très négative du monde agricole à ce projet de législation.
Ce message, nous le porterons tous au long de la campagne électorale à l’attention des candidates, des candidats et du grand public. Un thème sera proposé chaque semaine, soit l’aménagement du territoire, l’agroenvironnement, les coûts de production et la relève. Un échange avec chacun des chefs de partis est également prévu dans le cadre du conseil général des 7 et 8 septembre. Je lance donc l’invitation à chaque secteur de production, à chaque région, aux producteurs forestiers et à tous les jeunes de la relève : soyez visibles, soyez présents, soyez incontournables. Il faut avoir de l’ambition!