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La sécheresse en Abitibi-Témiscamingue menace des milliers d’animaux et le gagne-pain de familles agricoles

Publié le 31 août 2023 - Écrit par l'UPA

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Rouyn-Noranda, le 30 août 2023 – La sécheresse historique qui a suivi un gel hivernal intense en Abitibi-Témiscamingue est une catastrophe nationale et doit être gérée à ce titre. La pénurie de foin pour soigner les nombreux troupeaux et le manque de liquidités pour en acheter, qui fait suite à une mauvaise première évaluation des dommages par la Financière agricole du Québec qui ne reflète pas les réalités du terrain, menacent la pérennité de nombreuses entreprises en Abitibi-Témiscamingue.

Tour à tour, le premier ministre François Legault, le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, le directeur de la Financière agricole, Ernest Desrosiers et la directrice territoriale de la Financière agricole, Sonia Simard, sont venus constater l’ampleur des dégâts et ont dit comprendre la détresse des agriculteurs et agricultrices. « Même s’ils sont de bonne foi, ça ne donne pas de la liquidité aux producteurs et productrices pour acheter la nourriture dont leurs troupeaux ont besoin. C’est une situation d’extrême urgence et ça doit être traité comme tel par les décideurs », affirme le président de la Fédération régionale de l’UPA, Pascal Rheault.

Actuellement, une première avance de 3,7 M$ a été versée par l’assurance récolte foin à la mi-août à 192 producteurs et productrices agricoles de l’Abitibi-Témiscamingue, ce qui couvre une infime partie des pertes. La sécheresse est à ce point intense que les producteurs doivent acheter du foin ou utiliser leurs réserves pour nourrir leurs troupeaux, même en été, car les pâturages sont quasiment à sec. C’est une situation inédite qui ne s’est jamais produite dans la région.

Selon nous, les calculs de la Financière agricole, basés sur l’observation de stations météo, sont loin de refléter la réalité des pertes pour deux raisons principales.

  • La date du 1er mai est la même partout au Québec pour calculer le début de la saison de croissance des plantes fourragères. Or, plus de la moitié de la pluie tombée en mai l’a été le 1er mai en Abitibi alors que le sol était encore gelé. Cette pluie n’a donc pas été utile à la croissance des plantes, ce qui fait que les données de la Financière agricole sous-estiment l’ampleur de la sécheresse;
     
  • Malgré des dommages visibles et évidents causés par le gel hivernal (peu de neige au sol, mais des températures froides), une compensation de seulement 0,5 % a été versée pour ce type de dommages a été versée pour ce type de dommages, ce qui est loin des pertes réellement subies. La raison en est que la Financière agricole a changé les règles du jeu en mars en faisant passer la température qui cause les dommages de -12 degrés Celsius à -15 degrés Celsius. L’annonce a été faite dans un communiqué au titre ironique intitulé : « ASREC : Protection foin et pâturage – Bonification de la grille « gel hivernal ». Loin d’être une bonification, cette décision est plutôt une dégradation des conditions d’assurance et rend plus difficile de faire reconnaître le gel hivernal.​​​​​​

« Les règles du gel hivernal ont été changées à la toute fin de l’hiver. C’est comme si vous passiez au feu et que votre assureur ajoutait une clause au lendemain de l’incendie pour dire que vous n’êtes plus assuré contre le feu. Ça ne fait aucun sens et ça doit être corrigé dès maintenant », martèle Pascal Rheault.

  • La Fédération régionale de l’UPA demande à la Financière agricole du Québec de retirer immédiatement de ses analyses la pluie tombée les 1re mai, ce qui est un calcul simple.
     
  • La correction à la première avance qui en résultera doit être versée dès maintenant pour permettre aux producteurs d’acheter du foin et nourrir leurs bêtes. Octobre, c’est beaucoup trop loin pour plusieurs producteurs et productrices.
     
  • Il faut ensuite revenir à une température de -12 degrés Celsius pour calculer les dommages au gel hivernal pour l’hiver 2023.

Vendre son gagne-pain

Mardi soir, plus d’une centaine d’agriculteurs ont pu assister à une rencontre organisée par l’UPA avec la directrice territoriale de la Financière agricole du Québec. Mme Simard a indiqué que la prochaine avance qui serait versée aux producteurs et productrices serait au mois d’octobre et qu’on ne peut en connaître le montant maintenant, car c’est en analyse. Les producteurs et productrices en sont sortis déçus, car plusieurs n’ont pas les liquidités pour acheter du foin pour nourrir leurs bêtes d’ici là.

« Qu’est-ce que je dois faire? Vendre la moitié de mon troupeau pour nourrir l’autre moitié? Laisser mes vaches mourir de faim? Dites-le-moi, car il n’y en a plus de solutions », a lancé avec émotion une importante productrice de l’Abitibi-Ouest.

« Quand on en est rendu à vendre la table à manger pour pouvoir se nourrir, c’est que ça ne va pas bien », a lancé un autre producteur de vaches-veaux en faisant référence au fait que vendre ses vaches signifie avoir moins de veaux l’an prochain et donc moins de revenus pour nourrir sa famille.

La crainte de plusieurs, c’est que lorsque l’avance d’octobre arrivera, il manquera de transport pour amener le foin des grands centres vers l’Abitibi-Témiscamingue et que celui-ci sera très cher. Selon des calculs de la fédération régionale de l’UPA, jugés très conservateurs, il manquerait environ 40 000 balles rondes de foin en région pour alimenter les troupeaux. Ça représente des milliers de transports de foin.

  • La fédération régionale demande donc également que la valeur de remplacement du foin reflète la réalité de la région, car on anticipe une hausse importante du coût de transport du foin, qui résultera de la lenteur à verser les compensations.

Le président de l’UPA, Martin Caron, a rappelé avec raison lors de la réunion d’hier que les producteurs et productrices agricoles sont les principaux contributeurs à l’assurance récolte et qu’ils sont en droit d’avoir une juste compensation lorsqu’une catastrophe climatique frappe.

Lors de son passage au conseil d’administration de la fédération régionale de l’UPA la semaine dernière, le directeur de la Financière agricole a déclaré que « si vous avez droit à 10 $, vous aurez 10 $ ».

Pascal Rheault ne remet pas en doute la bonne foi de la Financière agricole à compenser les producteurs et productrices en entier à la suite des analyses qui seront réalisées, mais il rappelle que le moment où ces compensations arriveront est important, car la logistique d’achat et de transport du foin dans une région comme l’Abitibi-Témiscamingue n’est pas simple.

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