Passer au menu Passer au contenu

Vous êtes sur le Site provincial, mais nous vous avons localisé dans la région : ###detected_region###

La solidarité, ça commence dans nos rangs

Publié le 31 décembre 2014 - Écrit par l'UPA

Catégorie :

  • Citoyen/Citoyenne
  • Producteur/Productrice
  • Textes d’opinion

Le temps passe à une vitesse folle et nous voilà déjà en pleine période des Fêtes. Les récoltes sont terminées depuis un certain temps, mais encore une fois cette année, les rendements sont très différents d’une région à l’autre. Les producteurs de l’Abitibi-Témiscamingue ont vécu un automne très difficile, alors que ceux du Bas-Saint-Laurent ont eu un été très sec. Il y a des facteurs comme la météo sur lesquels les producteurs agricoles n’ont aucun contrôle, mais qui, inévitablement, entraînent des conséquences sur les revenus de la ferme, la qualité des aliments pour les troupeaux et même sur leur santé.

Le métier d’agriculteur n’est pas de tout repos et le sujet revient fréquemment dans les médias. Pour illustrer cette situation, plusieurs journalistes se réfèrent à diverses études sur la détresse psychologique, dont l’une rédigée en 2006 par Ginette Lafleur, doctorante en psychologie, pour le compte de La Coop fédérée. Ce rapport dressait un portrait particulièrement alarmant de la situation. Plus récemment, en 2012, Mme Lafleur a mené une enquête lui permettant de rejoindre quelque 1 800 producteurs de lait provenant du Québec, de la Franche-Comté, en France, et de la Suisse romande. Cette enquête mesurait notamment le niveau et les facteurs de stress chez les agriculteurs. Encore une fois, les résultats sont préoccupants et portent à réfléchir.

Il en ressort en effet que 46 % des agriculteurs de la Belle Province sont en détresse psychologique, comparativement à environ 18 % de l’ensemble des travailleurs québécois. On apprend aussi dans cette enquête que 45 % des agriculteurs d’ici considèrent leur niveau de stress quotidien élevé par rapport à 27 % de la population générale. Les facteurs de stress rencontrés sont l'imprévisibilité de la météo (66 %), les charges de travail (60 %), les exigences environnementales (57 %), la diminution des revenus (55 %), la rareté de la main-d’œuvre (51 %), l'endettement (49 %) et les bris d'équipements (45 %). La multiplication des tâches administratives et le stress lié à la performance sont également des éléments. Selon la chercheuse, les agriculteurs sont aussi plus vulnérables aux facteurs de stress familiaux et financiers en raison de leur mode de vie, car la ferme est à la fois un milieu de vie et de travail.

Des ressources existent dans chaque région, qu’il s’agisse de l'organisme Au cœur des familles agricoles en Montérégie, du réseau Sentinelles en Mauricie ou d’initiatives comme La Coopérative de solidarité de services de remplacement agricole dans le Centre-du-Québec. Ce service permet aux producteurs d’être remplacés en cas d’accident, de maladie, de décès, de congé parental ou d’implications professionnelles. Il leur donne aussi la possibilité de prendre des vacances pour un repos bien mérité ou d’obtenir un coup de pouce lors d’un surcroît de travail. Il n'est pas facile de se faire remplacer dans une ferme, mais il est important de pouvoir le faire à l’occasion.

Malheureusement, les agriculteurs éprouvent souvent de la difficulté à reconnaître les signes de détresse et à les accepter. Comme le souligne Ginette Lafleur, « Ils se voient comme des gens fiers, robustes, qui ne se plaignent jamais ». Il faut donc être doublement vigilant, d’autant plus que la période des Fêtes ajoute un niveau supplémentaire de stress.

Même si nous sommes moins nombreux, nous sommes encore tissés serrés dans nos rangs. Mais il arrive bien souvent, malgré tout, que les difficultés que vivent nos proches et notre entourage nous échappent.

En cette fin d'année et pour celle qui s’amorce, pourquoi ne pas prendre comme résolution de s'occuper un peu plus des membres de notre famille, de nos proches et de nos voisins? Une petite visite, un mot quand la météo ne collabore pas, un coup de main lorsque c'est possible (en particulier quand ça devient difficile) et, surtout, ne pas se priver d'aller vers les autres. Ne jamais oublier qu’un petit geste posé au bon moment peut faire une grande différence.

Je vous souhaite à tous de joyeuses Fêtes ainsi qu’une année 2015 à la hauteur de vos aspirations.


Éditorial La Terre de chez nous

Semaine du 24 au 30 décembre 2014

Marcel Groleau, président général