Récemment, le gouvernement du Québec injectait 1 milliard $ américains dans Bombardier afin de permettre à ce fleuron québécois de sauver sa mise dans un projet à l’avenir encore incertain. L’industrie aéronautique bénéficie des bonnes grâces gouvernementales. Elle a donc droit à une stratégie qui inclut de l’investissement ainsi que des fonds d’innovation et de développement de la main-d’œuvre.
Si je vous parle de Bombardier et de l’aéronautique, c’est que je souhaite remettre les choses en perspectives. L’industrie aéronautique québécoise représente 13,8 milliards $ en retombées économiques, génère 42 000 emplois soit 1 sur 93. Le secteur agroalimentaire, quant à lui, contribue à l’économie québécoise à hauteur de 17 milliards $, emploie 200 000 québécois, l’équivalent de 1 emploi sur 20. Cherchez l’erreur….
Un récent sondage l’a confirmé, les entrepreneurs agroalimentaires ont confiance en l’avenir et sont prêts à relever des défis. Ils n’ont besoin que de bons programmes de partage des risques, des aides à l’investissement et un appui au développement des marchés – des éléments dont jouit déjà l’industrie aéronautique.
Le gouvernement n’a pas les moyens de négliger son secteur agroalimentaire. Il doit redonner à ce secteur, la place qui lui revient. Cette volonté gouvernementale doit se traduire par une stratégie de développement pour la chaine la plus solide de l’économie du Québec. Nous en sommes les piliers et le message doit passer. Il est absurde, qu’en 2016, on ait encore à porter le fardeau de valoriser notre profession et notre secteur.
Pour relever ce défi, l’UPA s’associe à des partenaires de taille dont l’intérêt est tout aussi sensible : Le Conseil de la transformation alimentaire du Québec, La Coop fédérée, le Mouvement Desjardins et la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval. Il s’agit de la priorité de l’Union. On peut faire la différence chez nous.
Stratégiquement, cela veut dire revoir les programmes de sécurité du revenu. Le gouvernement avait mandaté, en 2015, un comité de travail qui a produit des recommandations avec lesquelles nous sommes en accord. À nous maintenant de les faire appliquer. La fiscalité foncière agricole doit également être réformée. Actuellement, le mode d’évaluation est biaisé, il manque d’équité et produit un déplacement du fardeau fiscal vers les entreprises agricoles. Ce régime est désuet et doit être remplacé par un mode qui reflète la valeur agronomique des terres.
Dans les 6 prochaines années, 25 000 emplois pourraient être créés juste avec un peu de bonne volonté. Alors, imaginez avec une stratégie!
En fin de compte, pour un milliard de dollars investis en agroalimentaire, on sait tous qu’on ne ferait pas que sauver des emplois, on en créerait beaucoup dans les régions où un seul emploi en vaut 10 à Montréal. En plus, si tel était le cas, avec nous, ce milliard serait comptabilisé en dollars canadiens…
Richard Maheu, président
Fédération de l'UPA Outaouais-Laurentides