La pénurie de main-d’œuvre est une réalité dans plusieurs régions et secteurs d’activités au Québec. Pour pallier cette difficulté et poursuivre leur développement, les entreprises se sont tournées vers le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET).
Ces travailleurs jouent maintenant un rôle important dans la croissance de plusieurs entreprises. Encore cette semaine, on me disait que des projets d’expansion seraient reportés ou tout simplement abandonnés si les changements apportés au PTET depuis le 30 avril restent en vigueur.
Le gouvernement du Québec a demandé au fédéral de surseoir à la mise en œuvre de cette réforme afin de trouver des solutions respectant les particularités du marché du travail québécois. « Les changements apportés ne sont pas applicables au Québec, car ils ne tiennent pas compte de la réalité de nos régions en matière d’emploi. […] Les entreprises québécoises qui ont recours au PTET le font parce qu’elles éprouvent de réels besoins. Plusieurs secteurs d’activités, qui peinent déjà à recruter, risquent d’être privés d’une main-d’œuvre précieuse », a déclaré le ministre québécois du Travail, Sam Hamad. « Nos homologues fédéraux procèdent à l’application mur-à-mur d’une réforme qui ne tient pas compte de la réalité du marché du travail au Québec et qui viendra fragiliser davantage des secteurs d’activités déjà aux prises avec d’importants problèmes de recrutement », a pour sa part indiqué la ministre québécoise de l’Immigration, Kathleen Weil.
L’Association des producteurs maraîchers du Québec et la Fondation des entreprises en recrutement de main-d’œuvre agricole étrangère sont intervenues auprès des ministres responsables de ce dossier dès l’annonce des modifications au PTET. Pour le secteur maraîcher, ces modifications sont majeures et illustrent « une profonde méconnaissance de notre industrie ». Jumelée à la lourdeur administrative qu’elle ajoute (il faut maintenant s’y prendre plusieurs mois à l’avance si l’on veut s’assurer d’avoir de la main-d’œuvre étrangère disponible pour la saison suivante), cette réforme constitue un frein important à la compétitivité et au développement du monde agroalimentaire québécois. Le secteur végétal, et plus particulièrement le secteur maraîcher, est l’un de ceux qui ont connu la plus forte expansion au cours des dernières années. Cette lancée risque bien d’être compromise par les contraintes supplémentaires que va leur imposer la réforme.
Bien que le secteur de la production agricole (8 000 travailleurs) soit en partie exempté de cette réforme, il pourrait tout de même subir des contrecoups importants.
Les changements s’appliquent en effet aux entreprises du secteur de la transformation alimentaire. Ces entreprises sont situées en région, là où la disponibilité de la main-d’œuvre est faible. L’accès à des travailleurs étrangers temporaires demeure essentiel pour elles. De plus, elles doivent composer avec la saisonnalité des récoltes. Faut-il rappeler au gouvernement fédéral que la production végétale est essentiellement une activité estivale et que les entreprises de transformation, pendant cette période, ont besoin de main-d’œuvre tout autant que les fermes? Quand un maillon est faible, c’est toute la filière qui en souffre.
En été, le tourisme, la pêche et l’agroalimentaire tournent à plein régime. Ces secteurs nécessitent beaucoup d’emplois saisonniers, alors que nous connaissons une réelle pénurie. C’est pour cette raison que l’Union s’est opposée à la réforme du programme d’assurance emploi qui ne reconnaît pas cette réalité. Les régions et, conséquemment, le secteur agroalimentaire font face à un manque de main-d’œuvre et la réforme du PTET va empirer cette situation. Je demande donc à tous nos députés fédéraux, et plus particulièrement aux députés et aux ministres conservateurs du Québec, de corriger cette situation si, comme ils le répètent sans cesse, l’économie est véritablement leur priorité.