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Sécurité du revenu : le groupe de travail doit terminer ses travaux

Publié le 24 septembre 2014 - Écrit par l'UPA

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  • Textes d’opinion

Depuis la crise alimentaire de 2008 et l’augmentation du prix des céréales sur les marchés, de plus en plus d’économistes prédisent une relative stabilité des prix des denrées dans le secteur agricole au cours des prochaines années. Selon eux, les fluctuations ne devraient pas être aussi importantes que par le passé.

La demande alimentaire suivra la croissance de la population mondiale, et l’on compte de plus en plus de consommateurs de la classe moyenne dans les pays émergents. On estime aussi que la production agricole ne pourra pas croître au rythme des dernières décennies.

Je reste toujours un peu sceptique et prudent quant aux prédictions à moyen et long terme, qu’elles soient économiques ou climatiques. On dit également que le passé est garant de l’avenir et, en matière de prévision des prix des denrées agricoles, j’aurais tendance à y croire, surtout avec ce qui se passe cette année sur les marchés.

Prenons l’exemple du maïs. L’automne dernier, celui-ci se vendait autour de 225 $ la tonne. Il se vend présentement autour de 199 $, et les prévisions de prix sont à la baisse, même si l’on n’entrevoit pas de récolte record cette année au Québec et en Ontario. Le prix pourrait même descendre en deçà du revenu stabilisé établi par La Financière agricole du Québec (FADQ). Encore une fois, il s’agit de prédictions et la prudence s’impose.

Dans son Hebdo des marchés, la Fédération des producteurs de cultures commerciales du Québec attribue cette baisse à une hausse sans précédent de la production américaine, le rendement prévu étant passé de 167,4 à 171,7 boisseaux à l’acre.

Même avec une augmentation présumée de l’utilisation pour la consommation animale, l’éthanol et les exportations, les stocks augmenteront de façon importante en 2015, ce qui entraînera inévitablement une baisse des prix pour les producteurs. En effet, avec la promesse d’une offre abondante, les acheteurs ont fait jouer la concurrence et les prix sont en chute libre. Le cours du maïs est récemment passé sous la barre des 3,50 $ le boisseau sur le marché de Chicago, bien loin des 8 $ atteints en 2012, année de sécheresse.

On constate le même scénario pour le soya : le rendement est passé de 45,4 à 46,6 boisseaux à l’acre et les stocks ont augmenté de 265 % en un an. Une hausse similaire des stocks de blé est prévue et, comme l’indique le département américain de l’Agriculture, à moins d’un gel dévastateur ou de pluies torrentielles avant la fin des moissons, les récoltes devraient atteindre des niveaux jamais égalés auparavant.

Les bons prix que nous avons connus dans le secteur des céréales et des viandes depuis 18 mois sont circonstanciels. La sécheresse qui a affecté une grande partie des États-Unis a entraîné une baisse des stocks mondiaux et la spéculation sur les marchés a fait le reste. Les cheptels bovins ont été diminués compte tenu du manque de fourrage et du prix élevé des céréales, ce à quoi il faut ajouter la diarrhée épidémique dans le secteur porcin.

La règle en agriculture est que les prix tombent dès que l’offre excède la demande (inélasticité de la demande) et rien, à court et moyen terme, ne laisse entrevoir que cela va changer.

Il importe plus que jamais de maintenir des régimes de partage des risques et de stabilisation des revenus agricoles pour assurer le développement des entreprises agricoles et maintenir les investissements. C’est en ce sens que travaille l’Union dans le cadre des travaux du groupe de travail sur la sécurité du revenu. Notre objectif à cette table demeure l’amélioration des programmes dans le but d’offrir des outils de gestion des risques adéquats à l’ensemble des secteurs et des régions, compte tenu de la réalité des marchés agricoles.

Actuellement, des rumeurs circulent selon lesquelles le gouvernement du Québec voudrait piger dans le budget de la FADQ pour contribuer à l’équilibre des finances publiques. Or, ce dernier doit permettre au groupe de travail de terminer ses travaux et prendre acte de nos recommandations. Dans le budget de l’État, il y a la colonne des dépenses et celle des revenus. L’agriculture, à titre de principal secteur primaire, contribue de façon importante à la colonne des revenus. Le gouvernement serait mal venu de s’en priver.


Éditorial La Terre de chez nous

Semaine du 24 au 30 septembre 2014

Marcel Groleau, président général