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Une compréhension de bon augure

Publié le 23 janvier 2025 - Écrit par Martin Caron, président général

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  • Textes d’opinion

Il semble de plus en plus clair, surtout depuis l’assermentation de Donald Trump le 20 janvier, que nous nous dirigeons tout droit vers une guerre commerciale avec les États-Unis. Ce dernier a même évoqué l’idée de revoir l’Accord Canada–États-Unis–Mexique avant l’échéance prévue de 2026. Dans l’état actuel des choses, le conflit apparaît donc inévitable.

M. Trump a réitéré à maintes reprises, ces derniers jours, qu’il souhaite engranger des milliards de dollars en tarifs douaniers sur des importations du Canada, du Mexique, de la Chine et d’Europe. Sa menace de possiblement instaurer des tarifs de 25 % dès le 1er février, soit deux mois avant les conclusions du rapport qu’il a commandé sur de prétendues pratiques commerciales et monétaires déloyales, en dit long sur sa détermination. Manifestement, le fait que les importateurs américains sont ceux qui paieront ces tarifs (et non les gouvernements étrangers) semble encore lui échapper. Il y aura donc assurément des effets inflationnistes importants pour les Américains.

Le gouvernement canadien, de son côté, se dit prêt à riposter « de manière robuste » si le président américain va de l’avant avec sa menace. À titre d’exemple, des mesures de représailles (contre-tarifs) sur des produits américains importés au Canada, comme le jus d’orange de la Floride, le bourbon du Kentucky, ainsi que des produits électroménagers, pourraient être annoncées rapidement. Une taxe à l’exportation de produits canadiens particulièrement prisés aux États-Unis, comme la potasse (rappelons que le Canada est le premier exportateur mondial de potasse), les minéraux ou l’énergie, pourrait aussi être envisagée.

Ces possibilités ainsi que plusieurs autres sont évaluées au sein du nouveau Conseil sur les relations canado-américaines, annoncé récemment par le premier ministre Justin Trudeau. Les membres du Conseil, duquel je suis heureux de faire partie, sont des chefs de file dans les domaines des affaires, de l’innovation et des politiques. Leur mandat est de mettre à profit leur expérience afin de soutenir le premier ministre et le Conseil des ministres en cette période cruciale pour les relations entre le Canada et les États-Unis.

J’ai bien entendu fait valoir, dès les premières rencontres du Conseil, que l’arrivée imminente de tarifs est une très mauvaise nouvelle pour le secteur agroalimentaire canadien et québécois. Rappelons que 60 % des exportations agroalimentaires canadiennes (près de 60 G$) et que 68 % des exportations bioalimentaires québécoises (plus de 8 G$) étaient destinées aux États-Unis en 2023.

Nos secteurs de production québécois qui misent fortement sur l’exportation de leurs produits chez nos voisins du Sud, comme le porc (582 M$ en 2023), les légumes incluant les pommes de terre (487 M$), le sirop d’érable (368 M$), les céréales incluant les oléagineux (204 M$), ainsi que les fruits (ex. : bleuets) et noix (139 M$) sont donc très attentifs (d’autant plus que certains produits doivent composer avec des enjeux de périssabilité et peuvent donc difficilement être exportés ailleurs qu’aux États-Unis). Rappelons que le secteur agricole et agroalimentaire représente 1 emploi sur 9 au Canada.

L’industrie forestière québécoise, qui exporte en moyenne 4,3 G$ de produits chaque année chez nos voisins du Sud, est aussi aux aguets.

J’ai aussi abordé les inquiétudes du milieu, ces derniers jours, à l’occasion d’une rencontre virtuelle avec le ministre canadien de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, Lawrence MacAulay, ainsi que lors d’une table ronde virtuelle avec la ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Christine Fréchette.

Je retiens de toutes ces discussions que chacun des intervenants avec qui j’ai échangé comprend tout à fait l’ampleur des défis qui attendent les productrices et producteurs agricoles et forestiers québécois et canadiens. Cette compréhension est de bon augure et nous devons continuer de la raffermir, les quatre prochaines années s’annonçant particulièrement chaotiques, imprévisibles et mouvementées. La solidarité entre les provinces et les divers secteurs économiques doit être au rendez-vous, comme elle l’est déjà dans le secteur agricole.