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Cartel… Vraiment ?

Publié le 22 février 2016 - Écrit par l'UPA

Catégorie :

  • Citoyen/Citoyenne
  • Producteur/Productrice
  • Textes d’opinion

La mise en marché collective dans le secteur agricole est parfois sévèrement critiquée. Des termes très péjoratifs comme « monopole » et « cartel » sont fréquemment utilisés pour diaboliser les regroupements de producteurs. Pourtant, ces regroupements répondent simplement à ce que les économistes appellent « L’EXCEPTION AGRICOLE ».

L'exception agricole a fait l'objet de nombreuses études économiques depuis les années 20, alors que l'agriculture a fait son entrée dans le monde de l'industrialisation. L'unicité du secteur agricole s'explique simplement. En agriculture, les rendements sont saisonniers, dépendent grandement  de la météo et sont très imprévisibles. Le produit agricole est périssable et doit être vendu rapidement. La production agricole est réalisée par des millions de producteurs qui, individuellement, sont des preneurs de prix en raison des deux points précédents.

Le juge de la Cour supérieure, Jean-Jacques Croteau, disait en mars 2000 que « le secteur agricole est atomistique, c’est-à-dire qu’il est composé d’un grand nombre de petites et moyennes exploitations dont la production individuelle représente souvent une infime partie de la production totale. Ainsi, en l’absence d’organisation, les structures de marchés agricoles sont caractérisées par la concurrence et l’impossibilité pour un producteur d’affecter les prix sur le marché en limitant l’offre. En l’absence de réglementation sur l’organisation des marchés, le producteur agricole, pris individuellement, ne dispose d’aucun réel pouvoir de marché ». D’où l’importance de l’approche collective pour les secteurs de production qui souhaitent emprunter démocratiquement cette avenue.

Les acheteurs ou transformateurs sont beaucoup moins nombreux. Ils sont donc en mesure d'exercer un pouvoir énorme sur les producteurs. Que ce soit pour le café, la banane, le bœuf ou le lait, il n’y a dans le monde, dans chacun des secteurs, qu'une poignée de grands acheteurs qui contrôlent la commercialisation du produit. Les vrais cartels, s’il en est, ce sont ces multinationales. Les producteurs ne sont rien à côté de ces géants.

C'est en raison de la reconnaissance de l'exception agricole que, dès les années 30, les États ont commencé à soutenir les revenus agricoles pour garder les gens en campagne et assurer l'approvisionnement alimentaire. Grâce à ce soutien, la production agricole a progressé car les risques inhérents pour les producteurs étaient réduits. L'Europe et les États-Unis ont été les pionniers du soutien des revenus agricoles. Ils sont encore les leaders, mais on estime aujourd’hui que les Chinois sont les champions du soutien agricole. Nous retrouvons de plus en plus de produits chinois sur nos tablettes d’épicerie et ce n'est pas le fruit du hasard.

La mise en marché collective est une réponse à l'exception agricole qui n'est pas financière. Elle est réglementaire et ne requière donc pas de fonds publics. Grâce à cette approche, les producteurs acéricoles ont réussi à rentabiliser la production et les investissements dans les érablières ont suivi. Un véritable succès. Nous avons doublé la production et triplé les retombées économiques.

Le Québec économise des sommes importantes à chaque année grâce à la mise en marché collective. Les producteurs obtiennent de meilleurs revenus directement du marché. En fait, le monopole le plus dangereux est celui de la pensée unique que prônent divers intervenants comme le professeur au Food Institute de l'Université de Guelph, Sylvain Charlebois. La pensée unique que le marché peut tout régler, alors qu'au contraire, cela ne profite qu'aux vrais cartels. Ce monopole de la pensée unique qui fait qu'aujourd'hui, 1 % de la population détient autant de richesses que les 99 % qui restent.