L’Union a participé récemment aux consultations parlementaires sur le projet de loi no4, qui modifie la gouvernance des sociétés d’État. Ce projet de loi prévoit des changements importants à la composition des conseils d’administration (CA), incluant celui de La Financière agricole du Québec (FADQ).
À l’heure actuelle, le CA de la FADQ est constitué de 15 membres, dont 5 nommés par l’Union. Cette représentation serait réduite à 3 membres seulement (sur 15), ce qui va clairement à l’encontre du pacte d’origine entre le gouvernement et le monde agricole.
Au démarrage des activités en 2001, 5 des 11 membres du CA, incluant la présidence, étaient désignés par l’Union. À cette occasion, le premier ministre du Québec, Bernard Landry, déclarait ce qui suit : « Ce qu’on fait aujourd’hui, c’est qu’on ajoute un fleuron au modèle québécois. […] Et on le fait, en même temps, en déchargeant l’État de certaines tâches dont il s’occupait directement, pour les confier à un partenariat avec le secteur associatif. […] Ces activités [seront menées] d’une façon plus souple, avec une mentalité d’affaires, avec un dynamisme et des possibilités d’innovation qu’on ne retrouve que difficilement dans le secteur purement étatique ». Ces paroles confirmaient la création d’une collaboration sans précédent, unique au pays.
Les changements proposés vont toutefois dans le sens inverse. Au gré des diverses réformes de la gouvernance, l’Union ne s’est jamais formellement opposée à l’effritement graduel de sa représentation, même si on s’éloignait chaque fois du partenariat novateur à l’origine de l’institution. Mais la réduction prévue va trop loin.
Les agriculteurs du Québec ont pourtant raison de s’attendre à une implication plus importante que dans d’autres sociétés d’État. Au total, c’est près de 40 % du financement des fermes québécoises qui est soutenu par la FADQ. Environ 20 000 des 28 000 entreprises agricoles au Québec font affaire avec l’institution. Cela témoigne d’une relation de confiance qui est à la base de la forte adhésion des producteurs.
La FADQ se distingue aussi par la qualité de sa gestion. Elle a d’ailleurs reçu en 2020 le prestigieux Prix performance Québec, remis chaque année par le premier ministre du Québec aux entreprises privées et aux organismes publics qui ont appliqué les meilleures pratiques de gestion. La FADQ jouit également d’un taux de satisfaction exceptionnellement élevé de sa clientèle.
Mais la FADQ, c’est beaucoup plus que des programmes : c’est une gestion des risques par et pour les producteurs agricoles, qui détiennent dans les différents fonds plus d’un demi-milliard de dollars de leur propre argent. C’est un niveau d’engagement exceptionnel. Et cet engagement repose en grande partie sur une forte présence de l’Union au CA, qui permet notamment une contribution importante au plan stratégique de l’institution. Cette contribution est essentielle pour bien répondre aux besoins de la production agricole et maintenir la confiance des adhérents aux divers programmes.
Le principal objectif du projet de loi est d’assurer un cadre plus transparent et efficace dans la gouvernance des sociétés d’État. Les changements proposés nuiraient à la confiance recherchée. Le partenariat entre l’État et les agriculteurs est une richesse pour le Québec. Il a fait ses preuves, d’autant plus que le processus de nomination des membres de l’Union assure déjà la parité hommes-femmes et la présence des jeunes, comme le souhaite le gouvernement. Cet aspect du projet de loi doit être amendé.