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Budget 2019 : saisir les opportunités

Publié le 27 mars 2019 - Écrit par Service de santé et de sécurité du travail

Catégorie :

  • Citoyen/Citoyenne
  • Producteur/Productrice
  • Textes d’opinion

Les budgets 2019-2020 des gouvernements canadien et québécois ont été déposés la semaine dernière. En voici les grandes lignes.

Du côté fédéral, les producteurs sous gestion de l’offre attendaient le budget avec impatience, plus particulièrement dans le secteur laitier. Rappelons que le Canada a fait des concessions de marchés dans les trois dernières ententes qu’il a signées et qu’il a promis de dédommager les agriculteurs touchés. Le budget prévoit 3,9 G$ pour les pertes encourues à la suite des concessions octroyées à l’Europe et dans le Partenariat transpacifique global et progressiste, dont la somme de 1,5 G$ destinée à protéger la valeur des quotas.

Comme nous le disions à l’ex-premier ministre Stephen Harper en 2015, la meilleure façon de protéger la valeur des quotas est de dédommager entièrement et équitablement les producteurs pour les pertes causées par les concessions de marchés. Ce montant de 1,5 G$ serait donc beaucoup mieux investi s’il était versé aux agriculteurs touchés. Nous n’avons pas encore tous les détails sur la façon dont ces sommes seront attribuées, mais malgré nos demandes maintes fois répétées, rien n’a été annoncé dans ce budget pour les producteurs de lait de chèvre et de brebis qui sont également affectés par les importations de fromage européen.

La ratification du nouvel Accord Canada–États-Unis–Mexique se fait attendre. Il reste que les compensations pour cet accord devront être comparables à celles annoncées jusqu’à maintenant. Je sais que les producteurs laitiers du Québec ont travaillé très fort pour obtenir ce résultat.

Cet engagement ne pourra être ignoré par un prochain gouvernement, peu importe le parti au pouvoir au lendemain de l’élection du 21 octobre 2019.

Le budget fédéral touche plusieurs autres volets importants pour les différents secteurs agricoles. Parmi eux, l’appui aux projets axés sur les aliments locaux, la promotion des produits canadiens, la lutte contre la fraude alimentaire, l’accès possible à la résidence permanente pour certains travailleurs étrangers, l’accueil des travailleurs étrangers temporaires ainsi qu’une vigilance accrue au chapitre de la peste porcine africaine. Les intentions sont bonnes, mais les budgets consacrés à ces mesures sont très modestes.

Du côté québécois, le gouvernement de François Legault a donné suite à son principal engagement agricole de la campagne électorale en bonifiant de 50 M$ par année l’aide à l’investissement dans les secteurs agricole et agroalimentaire. Les 250 M$ sur cinq ans annoncés la semaine dernière s’ajoutent aux sommes déjà prévues (195 M$) dans les deux budgets précédents. Nous ne disposons pas en ce moment des critères qui permettront d’accéder à ces budgets, mais les besoins sont là. Souhaitons que la gestion des programmes qui en découlera soit simplifiée et que les montants disponibles soient vraiment investis dans les fermes.

Le budget québécois prévoit d’autres mesures intéressantes au chapitre, notamment, des achats d’aliments québécois dans les institutions publiques, de l’inspection des aliments et de la formation. Les 15 M$ annoncés pour limiter l’augmentation de la part des taxes foncières payée par les producteurs en 2019 et 2020 sont les bienvenus, mais cet enjeu n’est pas réglé. Sans une véritable réforme de la fiscalité foncière agricole, nos entreprises vont continuer d’évoluer dans un environnement fiscal de plus en plus insoutenable.

L’absence de montants pour mettre en place le plan vert agricole que nous proposons depuis plusieurs mois est toutefois très décevante. L’actualité des derniers mois nous a permis d’insister à nouveau sur l’importance d’adopter un tel plan et d’accroître de façon significative les budgets gouvernementaux consacrés à l’agroenvironnement. Nos concitoyens ont des attentes très élevées à cet égard.

Les deux budgets accordent une attention particulière à l’agriculture. On reconnaît le potentiel économique du secteur et on mise sur lui pour soutenir la croissance et avec raison. La demande alimentaire ici et ailleurs dans le monde est en augmentation. Il faut saisir cette opportunité.

Éditorial La Terre de chez nous

Semaine du 27 mars au 2 avril 2019

Marcel Groleau, président général