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Conflits de travail dans les abattoirs : une trêve s’impose

Publié le 11 juin 2021 - Écrit par Marcel Groleau, président général

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  • Textes d’opinion

Les quelque 550 employés de l’usine de transformation de poulets Exceldor à Saint-Anselme dans Chaudière-Appalaches, représentés par les Travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce, sont en grève générale depuis le 23 mai. À quelques kilomètres de là, à Vallée-Jonction, les 1 150 travailleurs de l’usine d’abattage et de transformation de porcs d’Olymel, représentés par la Fédération du commerce-CSN, le sont depuis le 28 avril. Ces deux conflits ont des répercussions importantes sur la filière alimentaire.

Dans le secteur des viandes, chaque maillon de la chaîne de production est essentiel. Les animaux doivent être livrés aux marchés à des poids optimaux et en bonne condition. Après le départ d’un élevage, on lave et on désinfecte pour assurer la biosécurité des lieux avant de recevoir les poussins ou les porcelets pour l’élevage suivant. Il s’agit de cycles d’élevage très précis, qui se terminent par l’abattage et la mise en marché. Si un des maillons manque à l’appel, toute la filière est affectée, surtout les producteurs.

Nous avons assisté ces dernières années à une concentration sans précédent du secteur de la transformation, notamment dans celui des viandes. En raison de la taille des abattoirs et des volumes traités par chaque unité de transformation, il est maintenant pratiquement impossible de détourner tous les volumes d’une usine vers d’autres sites à distance raisonnable. Aujourd’hui, c’est un conflit de travail qui perturbe les opérations, mais demain, ce pourrait être un incendie. Une réflexion sur ces enjeux s’impose.

Alors que la situation engendrée par la pandémie se résorbait, près de 100 000 porcs sont de nouveau en attente dans les fermes en raison de l’arrêt de travail chez Olymel. Les coûts d’alimentation augmentent, tout comme les risques de mortalité et de blessures dans les parcs devenus trop petits. Les animaux deviennent plus agressifs et les périodes de chaleur intense, comme celle de la semaine dernière, causent encore plus de stress dans les troupeaux. Ces coûts et ces risques ne sont que partiellement pris en compte par les programmes d’assurance existants. Les Éleveurs de porcs du Québec ont demandé à Olymel un plan concret sur plusieurs semaines pour planifier la livraison des porcs et minimiser les effets sur les éleveurs et leurs troupeaux.

La situation est beaucoup plus préoccupante du côté de la volaille. Depuis le début du conflit chez Exceldor, des centaines de milliers de poulets et de poules pondeuses ont dû être euthanasiés. Les négociations piétinent, malgré la nomination la semaine dernière d’une médiatrice spéciale par le ministre Jean Boulet. Toute la filière, incluant la restauration, ressent les contrecoups de l’arrêt des activités dans cette usine, qui reçoit 25 % des poulets du Québec.

À ma connaissance, c’est la première fois qu’un conflit de travail entraîne l’euthanasie d’animaux prêts à être livrés au marché. Il s’agit d’un gaspillage alimentaire inacceptable qui ne peut desservir les intérêts des parties impliquées dans ce conflit. C’est la raison pour laquelle l’Union des producteurs agricoles, les Éleveurs de volaille du Québec et les Éleveurs de porcs du Québec ont demandé une trêve et un maintien des activités dans les abattoirs, au moins à un rythme suffisant pour faciliter l’écoulement des porcs et empêcher l’euthanasie des poulets.

La transformation alimentaire est un service essentiel, comme l’ont confirmé les autorités durant la crise sanitaire. Dans ce cadre, devoir euthanasier des animaux en raison d’un conflit de travail est inacceptable d’un point de vue éthique, social et économique.

Le temps est peut-être venu, compte tenu du caractère essentiel de la transformation alimentaire, de revoir les lois du travail pour maintenir un service minimal, pour que les règles de bien-être animal soient respectées et pour que l’euthanasie et le gaspillage alimentaire soient évités.