Pour une quatrième année consécutive, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a annoncé une baisse des prix alimentaires mondiaux. La valeur des matières premières agricoles a en effet diminué tout au long de l’année (15,4 % dans le secteur des céréales, 15,1 % dans celui des viandes). Or, malgré les prix moindres obtenus par les producteurs dans le monde, ceux payés par les consommateurs augmentent plus vite que l’inflation. Paradoxal, me direz-vous? Eh bien, non. En alimentation, la demande est inélastique, c’est-à-dire que la baisse ou la hausse des prix n’a pas beaucoup d’impact sur la consommation. Les géants de l’alimentation ont très bien compris ce phénomène. Les prix bas que reçoivent les producteurs ne sont pas refilés aux consommateurs. Personne ne prend un quatrième repas parce que le prix des aliments a baissé.
Pour progresser, le secteur de la transformation alimentaire a besoin que l’agriculture en fasse autant. En décembre dernier, l’UPA et le Conseil de la transformation alimentaire du Québec, avec l’appui de La Coop fédérée, du Mouvement Desjardins et de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval, ont réclamé conjointement que l’agroalimentaire soit intégré au Plan économique du gouvernement du Québec, comme c’est le cas en Ontario.
L’Union et ses partenaires insisteront, en 2016, pour que cette proposition obtienne l’aval du gouvernement. Nous espérons d’ailleurs en discuter directement avec le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, à brève échéance.
Des actions concrètes sont également requises pour épauler la relève agricole. En 2015, au lieu de travailler avec la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ) et de profiter de son expertise, le ministre de l’Agriculture a préféré confier l’avenir de nos jeunes à un fonctionnaire à la retraite. Cette décision est tout simplement inacceptable. Québec peut et doit faire plus. L’automne dernier, la FRAQ a transmis au premier ministre et au ministre de l’Agriculture son mémoire sur ses aspirations et ses besoins pour nourrir le Québec de demain. L’accès aux terres est au cœur des barrières que nos jeunes doivent surmonter et des gestes doivent être posés à très brève échéance. La hausse fulgurante de la valeur des terres est devenue un frein majeur à l’établissement. Elle a aussi une incidence énorme sur le Programme de crédit de taxes foncières agricoles et, plus largement, sur le fardeau fiscal des agriculteurs.
L’adhésion récente du Canada au Partenariat transpacifique (PTP) teintera également notre action en 2016. Cette entente est là pour rester. Ratifiée ou non en 2016, les engagements pris lors de la campagne électorale fédérale visant à dédommager les producteurs sous gestion de l’offre devront être respectés. Des investissements accrus en recherche et développement sont aussi nécessaires pour véritablement profiter du PTP et de l’accord Canada-Europe.
L’agroalimentaire offre de belles perspectives de croissance, mais il faut y croire, investir et piloter de façon plus efficace la vocation économique du MAPAQ. L’accès aux marchés est d’abord une question de compétitivité. Le Québec veut-il être un joueur plus compétitif? Le gouvernement croit-il en son secteur agroalimentaire? On aura la réponse en 2016.
Bref, encore une grosse année devant nous!