Comme chaque année en fin de saison estivale, près de 200 représentants de l’UPA et de ses organisations affiliées ont participé à la Journée de la rentrée, le 17 août dernier à Orford. Avec comme thème Garder le cap dans la mouvance, l’activité a notamment permis de dresser le bilan des derniers mois et de traiter des dossiers de l’automne.
La rentabilité compromise des derniers mois pour plusieurs centaines d’entreprises agricoles, confrontées à l’inflation, à l’augmentation des coûts de production et à la flambée des taux d’intérêt, a monopolisé une grande partie des discussions. Dans la foulée de notre mobilisation Agriculture sous pression, le gouvernement du Québec a annoncé ce printemps un nouveau compte d’aide d’urgence pour les entreprises agricoles (prêt garanti de 50 000 $ pour environ 2 000 entreprises). C’est un pas dans la bonne direction, mais le programme devra être bonifié et plus flexible pour assurer la pérennité des entreprises en difficulté.
La réponse du gouvernement aux demandes du secteur horticole, c’est-à-dire la création d’un groupe de travail spécial ayant pour mandat de « dresser un portrait juste de la situation découlant des réalités de la météo », est aussi une initiative intéressante. Mais comme nous l’avons indiqué à ce moment, la situation exceptionnelle que connaissent les productrices et producteurs horticoles milite en faveur d’une aide tout aussi exceptionnelle, rapide, à la hauteur des besoins et à l’extérieur des programmes existants. Par ailleurs, la production de grains et de fourrages a aussi souffert des aléas climatiques des derniers mois.
L’aménagement du territoire est également un enjeu de taille. Le gouvernement québécois est allé de l’avant avec un véritable chassé-croisé de consultations, de réflexions et de refontes ces derniers mois (projet de loi no 16 modifiant la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme, nouvelles orientations gouvernementales en aménagement du territoire, plan de mise en œuvre de la Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire, consultation nationale sur le territoire et les activités agricoles, etc.). Nous avons participé activement et accueilli avec ouverture et prudence toutes ces initiatives, car c’est l’avenir de notre garde-manger qui est en jeu. La relève est particulièrement interpellée par l’accessibilité aux terres, qui est l’un des trois thèmes de la consultation nationale.
À tous ces égards, le gouvernement du Québec ne doit jamais céder aux pressions soutenues de plusieurs intervenants municipaux, qui voient encore le territoire agricole comme une zone en attente de développement. Le recours croissant aux usages non agricoles, c’est-à-dire l’introduction d’infrastructures diverses en zone verte sans procéder à une exclusion proprement dite, est une tendance lourde particulièrement préoccupante. En clair, le gouvernement a la responsabilité de protéger tout le territoire et toutes les activités agricoles.
En agroenvironnement, on a aussi assisté à beaucoup de brassage législatif et réglementaire (stratégie gouvernementale de développement durable, régime permanent de gestion des zones inondables, des rives et du littoral, Plan Nature 2030, projet de loi sur la protection de l’eau, modernisation du Règlement sur les exploitations agricoles, etc.). Nous continuerons de suivre l’évolution de ce grand dossier en rappelant constamment que les productrices et producteurs sont motivés et font partie de la solution, tant au regard des changements climatiques que des attentes de la population. Ils ont toutefois besoin d’un soutien et d’un accompagnement à la hauteur des défis, ce qui n’est pas le cas actuellement.
D’autres enjeux, comme la mise en marché, les fermes de proximité, les régions périphériques, les initiatives diverses de chaque secteur de production, le secteur pomicole (gel printanier), la sécheresse en Abitibi-Témiscamingue, la biodiversité, la production biologique, la foresterie privée, le projet de loi 28 (formule de financement plus équitable), les suites du plan d’action pour renforcer la vie syndicale, la relève syndicale et la mixité ainsi que les préparations en vue du 100e anniversaire de l’organisation retiendront aussi notre attention cet automne. Et comme à l’habitude, nous tâcherons de garder le cap dans cette grande mouvance!