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La stabilité financière d’un pays passe par la sécurité alimentaire : le cas du Sénégal

Publié le 10 juin 2015 - Écrit par l'UPA

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  • Textes d’opinion

La semaine dernière, j’ai eu la chance de participer à l’assemblée annuelle d’AgriCord au Sénégal. AgriCord regroupe des organisations professionnelles d’agriculteurs actives sur le plan du développement international. Douze organisations issues de quatre continents en sont membres, dont UPA Développement international (UPA DI) qui a participé à sa fondation. Ce réseau permet de mettre en commun nos ressources et nos expertises pour travailler ensemble à des projets de développement.

En 2014, AgriCord a soutenu 271 projets provenant de 214 organisations paysannes dans 52 pays. Ce réseau offre donc des opportunités uniques pour les bailleurs de fonds. Certains pays, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ainsi que divers autres bailleurs de fonds comme le Fonds international de développement agricole ont maintenant recours au programme Paysans contre la pauvreté d’AgriCord.

UPA DI œuvre en Afrique de l’Ouest depuis plus de 22 ans.

Les choses changent rapidement sur ce continent, surtout dans les pays politiquement stables, et le Sénégal est l’un de ces pays. Il pilote actuellement un projet d’une ampleur inégalée : devenir autosuffisant dans sa consommation de riz.

Le Sénégal consomme plus d’un million de tonnes de riz chaque année et ne produit que 25 % de cette quantité. Le riz est une céréale très recherchée sur les marchés. Seulement 7 % de cette production est commercialisée sur les marchés mondiaux. La Chine, qui exporte actuellement cette denrée, sera bientôt contrainte d’en importer. Les coûts associés à l’importation de riz grèvent lourdement le budget du Sénégal, car ils ne créent aucune richesse interne autre que celle engendrée par le secteur de la distribution.

Le Sénégal dispose de ressources agricoles impressionnantes. La vallée du fleuve Sénégal offre un potentiel de production de riz énorme. Cette vallée argileuse de plus de 300 000 hectares, lorsqu’elle sera irriguée, permettra à ce pays d’être autosuffisant. Un grand projet d’irrigation est en cours. Cette année, on compte mettre en culture 60 000 hectares supplémentaires. Les zones irriguées (périmètres autogérés) permettent deux récoltes par année. On atteint un rendement de 15 tonnes par hectare plutôt que 7 dans les zones inondées naturellement.

La Société d’aménagement et d’exploitation des terres du Delta est responsable du drainage des canaux, de la construction de digues, de ponts et de routes ainsi que de l’entretien de tout ce réseau. Les systèmes de pompage relèvent aussi de cette société financée par l’État.

Une famille exploite en moyenne un hectare. Ce sont donc des milliers de familles qui auront accès à des superficies dans les périmètres autogérés. La Fédération des périmètres autogérés (FPA), composée des producteurs du territoire, est responsable de l’exploitation de ces nouvelles superficies. La FPA gère la production de riz de semence sur les parcelles les plus productives et vend la semence de qualité à ses membres. Elle soutient aussi le transfert de connaissances techniques aux producteurs. La mise en marché du riz est prise en charge par les organisations de producteurs. Le gouvernement oblige les importateurs de riz à s’approvisionner localement, au gré de l’augmentation de la production nationale.

À terme, ce sont des millions d’euros qui seront investis. Des milliards de francs CFA (Communauté financière africaine) qui sortent actuellement du Sénégal chaque année, pour l’achat de riz, seront éventuellement investis dans l’économie du pays. Tous les emplois directs et indirects créés par ce virage agiront comme un levier économique incroyable et assureront la sécurité alimentaire.

AgriCord et UPA DI appuient la FPA pour lui permettre de jouer pleinement son rôle. Cette dernière a développé un programme unique : Les Savoirs des gens de la terre. UPA DI croit qu’il est possible d’être une organisation syndicale agricole avec une voix forte tout en jouant un rôle structurant dans le transfert des connaissances, l’accès au crédit et à la commercialisation.

Cette visite au Sénégal m’a permis de rencontrer des producteurs agricoles, plusieurs intervenants, des représentants de leurs organisations et ceux des autorités gouvernementales. J’ai constaté que les enjeux d’accès aux divers marchés et au foncier, pour les paysans et la relève, ainsi que la sécurité du revenu, sont au cœur des défis rencontrés par les producteurs sénégalais. Malgré un contexte très différent, il est étonnant de constater à quel point nos enjeux sont les mêmes.

Le monde est maintenant très petit : un grand village où tous, même ici au Sénégal, ont un téléphone intelligent à la main. Les échanges mondiaux vont continuer de croître, et l’Afrique offre un potentiel immense. Ce continent, qui comptera 2 milliards d’individus d’ici 25 ans, risque fort de nous surprendre.


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