Le Congrès général de décembre dernier est un moment fort dans l’histoire de l’UPA. D’une part, il a permis à plus d’un millier de productrices et de producteurs agricoles et forestiers d’exprimer au gouvernement leurs inquiétudes et leurs espoirs à l’occasion d’une marche rassembleuse et solidaire pour la relève agricole et l’avenir des fermes de chez nous. Le manifeste dévoilé à cette occasion décrit sans nuances l’urgence d’identifier et de mettre en œuvre des solutions porteuses et pérennes. D’autre part, les participants ont assisté au lancement de la programmation du 100e anniversaire de l’organisation (en 2024). Nous aurons l’occasion, au cours des prochaines semaines, de discuter davantage de ces aspects. Pour l’heure, revenons plutôt sur la volonté démocratiquement exprimée des délégués.
Au chapitre de l’aménagement du territoire, ces derniers ont adopté plusieurs résolutions demandant notamment au gouvernement québécois de défendre intégralement le territoire agricole et de renforcer les mécanismes nécessaires à sa protection. Il est essentiel, dans le cadre de l’actuelle consultation nationale, de réaffirmer clairement que toutes les superficies agricoles sont importantes et propices pour des activités agricoles et forestières (indépendamment de leur classification), d’introduire le principe de « zéro perte nette » en zone verte (c’est-à-dire aucune nouvelle perte de superficie agricole ou forestière) et de résister aux pressions en faveur d’un relâchement législatif et réglementaire.
Des initiatives innovantes pour contrer l’augmentation du prix des terres, la création d’un registre des transactions foncières agricoles publiques, l’introduction de mesures législatives et fiscales pour freiner la spéculation, un encadrement plus serré des pouvoirs municipaux, des incitatifs à la remise en culture des terres dévalorisées ainsi que l’établissement d’une valeur foncière imposable maximale (incluant une valeur spécifique aux érablières) doivent également être mis de l’avant.
Au regard de la sécurité du revenu, les résolutions font valoir l’importance de bonifier le soutien gouvernemental aux entreprises, en marge du contexte inflationniste et de la flambée des taux d’intérêt. La protection contre la hausse des taux d’intérêt (Taux Privilège et Sécuri-Taux Relève) ainsi que l’assurance récolte, l’assurance stabilisation des revenus agricoles, Agri-Québec Plus et Agri-relance sont spécifiquement abordés. Tout comme le soutien aux productrices et producteurs des MRC désignées comme prioritaires, aux victimes de catastrophes naturelles, aux plus petites fermes et à la production biologique.
L’environnement et l’énergie ont aussi retenu l’attention des délégués. Parmi les thématiques retenues, mentionnons le développement de la filière éolienne québécoise et son effet négatif sur les milieux agricole et forestier, l’incompatibilité de la zone verte et des érablières de l’ensemble du Québec avec les activités minières, l’adaptation aux changements climatiques et la tarification carbone (incluant la contribution importante des productrices et producteurs au Fonds d’électrification et de changements climatiques), la reconnaissance de l’expertise des productrices et des producteurs en matière de gestion phytosanitaire, la lourdeur administrative découlant de la réglementation environnementale québécoise ainsi que l’entretien des cours d’eau en milieu agricole (MRC et municipalités).
Plusieurs autres résolutions, en l’occurrence sur l’abattage et la commercialisation des viandes, la fiscalité municipale, les services-conseils, la main-d’œuvre (locale et étrangère), les relations entre les détaillants et leurs fournisseurs, l’achat québécois par les institutions publiques, la transparence et la traçabilité en matière de sélection végétale, les services vétérinaires et le financement de la recherche, ont fait l’objet d’un large consensus lors du Congrès général. À tous ces égards, nous tâcherons en cours d’année d’interpeller les bons intervenants et d’effectuer les représentations appropriées. La volonté collective des productrices, des producteurs et des jeunes de la relève, de toutes les régions et de tous les secteurs de production guidera encore une fois nos faits et gestes en 2024.