Le gouvernement du Québec fait de l’autonomie alimentaire une priorité. Depuis le début de la pandémie à l’occasion de ses points de presse, le premier ministre François Legault a maintes fois souligné l’importance de choisir les produits québécois pour soutenir notre économie et diminuer notre dépendance aux importations. Ce n’est pas la première fois qu’un gouvernement soulève cet enjeu. Mais cette fois-ci, il pose des gestes concrets.
Lors de la mise à jour économique sur l’état des finances publiques du gouvernement du Québec présentée le 7 novembre, une somme de 157,2 M$ a été annoncée pour soutenir et accroître l’autonomie alimentaire du Québec. Jeudi dernier, le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, a apporté certaines précisions quant à l’utilisation de cette somme et aux programmes qui seront offerts.
Les mesures annoncées sont principalement destinées à soutenir la croissance de l’offre alimentaire, à accroître la productivité par la robotisation et l’automatisation, à accélérer les investissements en transformation alimentaire et en agriculture, à faire la promotion de l’achat local et à mettre à contribution les filières agroalimentaires. Il y a beaucoup de possibilités. Le ministre a fait allusion aux secteurs du bœuf, de l’agneau et des céréales pour consommation humaine incluant les oléagineux et les légumineuses. La liste pourrait s’allonger.
Le secteur de la transformation alimentaire est important au Québec. Nous transformons chez nous 70 % de la production agricole alors que la moyenne canadienne est autour de 30 %. Remplacer les importations là où c’est possible créera des emplois intéressants et répondra à la demande des Québécois en produits locaux. Cela va aussi améliorer notre balance commerciale dans le secteur bioalimentaire (1,3 G$ en 2019, + 8 %), à la condition bien sûr que l’on maintienne nos exportations (8,8 G$ en 2019, + 3 %).
De plus, le gouvernement entend ajouter 48 ressources à La Financière agricole du Québec (FADQ) pour accompagner les producteurs dans leurs projets afin que cette organisation soit plus dynamique et à l’affût des opportunités. Comme le dit régulièrement M. Lamontagne, on ne peut se permettre d’échapper un projet.
Il faut se réjouir de l’intérêt grandissant des Québécois à l’égard de nos produits locaux et capitaliser sur cette tendance de consommation pour augmenter les parts de marché de nos produits. Pour y arriver, il faut bien sûr être compétitifs. Peu importe la taille des entreprises, la productivité est toujours un enjeu dans un environnement où la main-d’œuvre se fait de plus en plus rare.
Si chaque ménage québécois remplace chaque semaine, à l’épicerie ou au restaurant, 12 $ de ses achats de produits étrangers par des aliments du Québec, cela permettra d’augmenter de 1 G$ par année la demande auprès des agriculteurs, des pêcheurs et des transformateurs alimentaires québécois. Ce serait un impact énorme pour notre économie et nos régions.
Comme l’a démontré une étude de la firme ÉcoRessources produite en 2017 à la demande de l’Union des producteurs agricoles, le Québec pourrait hausser sa production de 30 % au cours de la prochaine décennie et créer 21 000 nouveaux emplois si les bonnes conditions sont réunies. Cela veut dire un rôle accru de la FADQ ainsi que l’accès à des programmes adaptés de gestion des risques, de financement et de soutien à l’investissement.
Le secteur agroalimentaire offre de réelles opportunités. La croissance de la population, ici et ailleurs dans le monde, stimule la demande alimentaire. Le Québec doit y participer, d’autant plus que nous avons des terres agricoles et des produits de grande qualité. Cette conférence de presse annonce un changement important dans la stratégie du gouvernement à l’endroit du secteur agroalimentaire. Les producteurs et productrices agricoles du Québec seront au rendez-vous plus que jamais.