Le 99e Congrès général annuel de l’Union, dont le thème était « Agriculture et foresterie viables et durables », a permis à plus de 700 participants, délégués, observateurs et décideurs des secteurs agricole et forestier du Québec d’échanger sur les défis énormes auxquels sont confrontés ces deux secteurs.
Dans mon allocution, j’ai indiqué qu’un grand nombre d’entreprises agricoles, de régions et de secteurs de production vivent une situation difficile actuellement. L’inflation galopante, la flambée des taux d’intérêt, le soutien et l’accompagnement en deçà des besoins, l’actualisation très attendue des programmes, la lourdeur administrative et les menaces grandissantes au territoire et aux activités agricoles et forestières plombent la confiance et la rentabilité de milliers de fermes partout au Québec.
L’impact désastreux des événements climatiques extrêmes (plus particulièrement dans le secteur horticole et en Abitibi-Témiscamingue), les effets de la restructuration du secteur porcin, les demandes légitimes de la relève ainsi que les défis particuliers des régions périphériques, des secteurs éloignés et des fermes de proximité sont aussi des enjeux pressants. Tous ces aspects doivent être revisités rapidement si l’on souhaite faire de l’autonomie alimentaire une véritable priorité nationale.
J’ai aussi abordé plusieurs contradictions des divers paliers de gouvernement, qui demandent constamment aux productrices et producteurs d’être plus performants, plus efficaces, plus résilients. Ces exigences sont toutefois formulées dans un contexte de désengagement généralisé, tant au niveau des budgets que des programmes. À témoin, le budget d’Agriculture et Agroalimentaire Canada a diminué de 18 % ces 10 dernières années (de 0,87 % du budget de l’État à 0,42 %). Du côté québécois, le budget du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation n’a augmenté que de 9 % (de 1,47 % du budget de l’État à 0,98 %), en dépit des montants investis pour faire croître l’autonomie alimentaire. Ces statistiques ne sont pas compatibles avec le projet de société auquel sont conviés les productrices, les producteurs et les transformateurs alimentaires, en plus d’exercer une pression insoutenable sur nos entreprises et celles de la relève. Le flot incessant de changements, de mesures et de règlements en matière d’agroenvironnement (sans soutien comparable à celui dont bénéficient nos principaux compétiteurs) exerce aussi une pression croissante et constante sur le milieu.
Tous ces enjeux sont d’ailleurs à l’origine de la grande marche rassembleuse et solidaire pour la relève agricole et l’avenir des fermes de chez nous, à laquelle environ 1 000 productrices et producteurs agricoles et forestiers ont participé afin d’exprimer aux parlementaires québécois, sous la forme d’un manifeste historique, leurs inquiétudes et leurs espoirs, le 6 décembre en marge du Congrès général. On a vraiment senti, tout au long de cet événement, la solidarité inhérente à nos valeurs organisationnelles, à nos racines profondes et à nos ambitions pour le futur. Cette grande déclaration connaîtra assurément des suites en 2024.
Je profite de l’occasion pour remercier l’ensemble des conférenciers ayant participé au Congrès général, en l’occurrence le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, André Lamontagne, le secrétaire parlementaire du ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire du Canada, Francis Drouin, le chef de l’opposition officielle, Marc Tanguay, la co-porte-parole de Québec solidaire, Émilise Lessard-Therrien, le chef du troisième groupe d’opposition, Paul St-Pierre Plamondon, le deuxième vice-président de la Fédération canadienne de l’agriculture, Pierre Lampron, ainsi que le chroniqueur et journaliste économique René Vézina.
Je souhaite également féliciter les 22 employé(e)s avec qui nous avons célébré leurs 25 ans à l’emploi de l’Union. L’organisation est très fière de ces personnes qui, en plus d’exercer leur métier avec professionnalisme et diligence, partagent la même passion que les productrices et producteurs. Toutes mes félicitations aussi à la famille Marquis-Dion, de Sainte-Croix (famille agricole 2023) et à la famille Kassongo, de Diaradougou au Burkina Faso (famille agricole inTERREnationale).
Mes remerciements les plus sincères à tous les participants ainsi qu’à toute l’équipe de l’Union pour cette 99e édition, qui a aussi permis de lancer la programmation du 100e anniversaire de l’organisation (en 2024). La thématique dévoilée à cette occasion, Du cœur au ventre depuis 100 ans, traduit fidèlement l’essence de l’organisation tout en permettant d’entrevoir l’avenir avec confiance.
En terminant, permettez-moi de vous remercier aussi pour ma réélection à titre de président général de l’Union. Soyez assurés que Paul Doyon, Stéphanie Levasseur et moi sommes immensément fiers de vous représenter et de défendre vos intérêts au quotidien.
Cet éditorial hebdomadaire prendra une pause de quelques semaines. Stéphanie, Paul et moi vous souhaitons une belle période des Fêtes. Merci à vous tous et toutes pour votre confiance, votre engagement et votre solidarité.