Le Congrès général de l’Union des producteurs agricoles (UPA) est un grand rendez-vous annuel pour les producteurs et les partenaires du secteur agroalimentaire québécois. Cette année, le climat était bien différent de celui de l’an passé. Le ministre de l’Agriculture, Laurent Lessard, y est pour beaucoup. En poste depuis février dernier à la suite du départ de Pierre Paradis, M. Lessard a rétabli les ponts et la communication avec les agriculteurs. Tout n’est pas réglé pour autant, mais on y travaille ensemble.
Le Congrès, c’est l’occasion de faire le point sur nos grands enjeux, d’obtenir des engagements et de souligner des événements importants. UPA Développement international (UPA DI) a célébré ses 25 ans d’existence en 2017. Ouverte sur le monde et grâce à UPA DI, l’Union a vu se réaliser la reconduction du protocole d’entente qui nous lie à l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Nous sommes la première organisation agricole à avoir conclu une entente de partenariat avec la FAO. Au nom des producteurs du Québec, j’en suis très fier.
Sur le plan international, l’arrivée de Donald J. Trump à la Maison-Blanche a sans aucun doute été l’événement de l’année 2017.
Dès son entrée en fonction, il a déchiré le Partenariat transpacifique et entamé les négociations sur l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). John Parisella, figure bien connue et respectée dans l’univers politique et médiatique québécois, a livré une conférence très intéressante sur les relations canado-américaines et la politique aux États-Unis. Le repli chez nos voisins du Sud, tant au niveau commercial que politique, crée beaucoup d’incertitude dans le monde. Confronté à cette tension, le Canada doit selon lui se montrer à l’écoute, mais avec une certaine fermeté. Il y a des choses, comme la gestion de l’offre, sur lesquelles le Canada ne peut céder dans la renégociation de l’ALENA. Jusqu’à maintenant, le Canada joue bien ses cartes, selon M. Parisella.
Pour une deuxième année, nous avons invité les chefs des partis d’opposition à prendre la parole devant les congressistes. Gabriel Nadeau-Dubois, François Legault et Jean-François Lisée ont présenté leur point de vue respectif sur les enjeux agricoles. Cela a été très intéressant, d’autant plus que le décompte en vue de l’élection du 1er octobre 2018 est commencé. À la lecture de la couverture du Congrès par La Terre de chez nous, vous pourrez en apprendre plus sur les propos de chacun. Ce moment avec les chefs des partis d’opposition est très apprécié des délégués.
Le ministre Laurent Lessard est ensuite venu livrer son message. La future politique bioalimentaire est très attendue de tous. M. Lessard souhaite la rendre publique d’ici février, avant le dépôt du prochain budget Leitão. Les cibles de croissance identifiées lors du Sommet sur l’alimentation du mois dernier sont ambitieuses, mais réalisables si l’on s’en donne les moyens. L’UPA a déposé son plan agricole et espère que le ministre s’en inspirera pour élaborer sa politique.
Le dossier de la taxation foncière agricole a aussi été abordé avec M. Lessard. Le poids des taxes menace la rentabilité des fermes dans certaines municipalités. Il faut trouver des solutions durables.
La version actuelle du Programme de crédit de taxes foncières agricoles protège le gouvernement, car la croissance des dépenses est plafonnée, tout en n’imposant aucune contrainte aux municipalités. Seuls les producteurs sont à découvert.
Le ministre a fait état des échanges entre l’UPA et son ministère sur le dossier. Il faut que les discussions progressent rapidement. M. Lessard nous a annoncé qu’il veut d’abord s’assurer d’une compréhension commune des enjeux et des solutions avec les producteurs avant d’aborder le monde municipal.
Le dossier de l’accaparement des terres, et surtout la participation financière de la Caisse de dépôt et placement du Québec et du Fonds de solidarité FTQ dans les activités de Pangea terres agricoles ont fait l’objet de beaucoup de discussions. Il est inacceptable que des fonds publics fassent compétition à la relève et aux familles agricoles du Québec pour l’acquisition de terres.
Somme toute, ça a été un bon Congrès. Merci à tous les délégués. J’ai été réélu pour un autre mandat. Au sortir de ce grand rendez-vous, je suis plus motivé que jamais à représenter et à défendre les intérêts de tous les producteurs agricoles du Québec.
Éditorial La Terre de chez nous
Édition du 13 au 19 décembre 2017
Marcel Groleau, président général