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Guerre commerciale : le gouvernement canadien doit intervenir

Published on 4 September 2019 - By l'UPA

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  • Citoyen/Citoyenne
  • Producteur/Productrice
  • Textes d’opinion

Le conflit commercial entre la Chine et les États-Unis continue de prendre de l’ampleur et les producteurs agricoles canadiens, plus particulièrement ceux issus du secteur des viandes et des céréales, sont très inquiets. Le silence du gouvernement fédéral est troublant.

La Chine a mis fin à ses achats de canola en provenance du Canada au printemps dernier. Cette décision du principal acheteur de canola canadien rend très incertaine la commercialisation de ce produit. Elle a aussi un impact direct sur le prix des autres céréales et des oléagineux. Celui du soya a chuté de 50 $ la tonne en quelques mois et il atteint actuellement des creux historiques. Les marchés sont devenus très imprévisibles, ce qui engendre de l’insécurité et des baisses de prix.

Du côté des viandes, le conflit commercial sino-américain a fait chuter de moitié le prix du porc depuis l’an dernier, alors que les perspectives étaient on ne peut plus favorables. C’est tout un revirement. La fermeture récente du marché chinois à la viande canadienne aura elle aussi un impact très important. On estime une baisse de revenus de 111 M$ d’ici la fin de l’année 2019, uniquement pour les éleveurs du Québec. Pendant que les prix tombent au Canada, nos compétiteurs sud-américains et européens profitent des opportunités offertes par la Chine qui est aux prises avec une pénurie croissante de viande de porc en raison de la peste porcine africaine qui sévit sur son territoire. Comment et à quel coût allons-nous récupérer ce marché? Ces questions se posent.

Le gouvernement américain ne s’est pas fait prier pour appuyer ses agriculteurs : une aide financière de 12 G$ US a été annoncée l’an dernier et une deuxième de 16 G$ US s’est ajoutée ce printemps. Ces deux montants représentent une aide cumulée de 19 $ US par porc et de 135 $ US par tonne de soya. Cet appui est sans compter l’accès des producteurs céréaliers américains à des programmes de base plus généreux que les nôtres.

Du côté canadien, l’aide financière de 6 M$ annoncée cet été pour diversifier les exportations de porc canadien sur les marchés étrangers ne représente pas, pour les éleveurs, une aide concrète et suffisante.

La situation est tout aussi déplorable du côté des producteurs de canola. Ces derniers se sont fait offrir, par l’intermédiaire du programme fédéral de paiements anticipés, une augmentation des avances sur les recettes de leurs futures récoltes. Comme le faisaient remarquer récemment les Producteurs de grains du Québec, « ce qu’on offre aux producteurs, ce n’est pas de l’aide financière, c’est la possibilité de s’endetter encore plus ».

Le gouvernement canadien s’est montré beaucoup plus sensible aux difficultés vécues par les entreprises des secteurs de l’acier et l’aluminium. Dès l’annonce des tarifs sur les exportations canadiennes, il a rapidement mis à leur disposition 2 G$ pour les soutenir, sans se demander si ces derniers recouvraient on non leurs coûts de production!

Les programmes réguliers de gestion des risques, grandement minés par les compressions fédérales depuis 2013, n’ont pas été conçus pour faire face à un tel degré d’incertitude et de volatilité sur les marchés. L’industrie du porc, des céréales et des oléagineux est victime de ce conflit. De l’aide adaptée est requise pour permettre aux producteurs des secteurs agricoles touchés de traverser la crise qui, malheureusement, risque de perdurer.

Éditorial La Terre de chez nous

Édition du 4 septembre 2019

Marcel Groleau, président général