Le Québec vivra sa première élection générale à date fixe le 1er octobre 2018. L’objectif de cette réforme électorale était de limiter les calculs partisans et la manipulation du calendrier électoral par le parti au pouvoir. Connaître la date des élections à l’avance donne à chaque camp le même temps pour s’y préparer, et c’est mieux ainsi. Cette nouvelle façon de faire allongera probablement les campagnes électorales. On sent déjà, à 10 mois du prochain scrutin, que la prochaine est sur le point de démarrer. Certains diraient même qu’elle est commencée.
Pour une première fois, l’an dernier, dans le cadre du Congrès général, tous les partis représentés à l’Assemblée nationale du Québec ont eu l’occasion de s’adresser aux congressistes et de leur expliquer leur vision respective du secteur agricole. Ce moment a été l’un des plus appréciés par les participants.
Nous ne décevrons pas nos délégués cette année, car nous avons lancé à nouveau l’invitation. L’échéance électorale de 2018 teintera assurément leurs propos.
Le Sommet sur l’alimentation du 17 novembre dernier, sous la gouverne du ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, Laurent Lessard, a permis d’établir des cibles intéressantes, c’est-à-dire de porter à 15 G$ d’ici 2025 les investissements, d’ajouter 10 G$ de contenu québécois dans les produits alimentaires achetés au Québec et d’augmenter de 6 G$ les exportations bioalimentaires.
Il sera intéressant d’entendre M. Lessard expliquer de quelle façon le gouvernement prévoit accompagner les agriculteurs et les transformateurs pour leur permettre d’atteindre ces cibles. Depuis 2014, le secteur agricole et agroalimentaire québécois a plutôt subi les affres de la rigueur budgétaire du gouvernement et de l’atteinte de l’équilibre budgétaire.
Bien entendu, dans notre système parlementaire, le rôle de l’opposition est de remettre en question les décisions du gouvernement. À la veille d’une élection, elle doit bien sûr continuer de jouer son rôle. Mais elle doit aussi présenter sa façon de voir les choses. Les producteurs au Congrès général voudront un aperçu du programme de chaque parti et le point de vue de chacun à la suite du Sommet que nous venons de vivre. Sont-ils d’accord avec les cibles retenues? Si oui, comment entendent-ils nous accompagner? Sinon, que proposent-ils?
Parmi les autres enjeux sur lesquels nous souhaitons les entendre, on ne peut passer outre la taxation foncière agricole et l’accaparement des terres. Dans certains cas, il y a un lien entre ces deux enjeux. Les terres sont une valeur refuge pour quelques investisseurs au Québec. La Caisse de dépôt et placement du Québec et le Fonds de solidarité FTQ font une compétition déloyale aux producteurs agricoles. Qu’en pensent les partis?
La liste pourrait être plus longue. La visite au Congrès général de MM. Lessard, Nadeau-Dubois, Lisée et Legault est un moment important pour les délégués et nous sommes honorés de leur présence. Leur visite est aussi une occasion, pour chacun des partis, de se positionner face aux enjeux qui préoccupent les agriculteurs et les agricultrices du Québec.
Éditorial La Terre de chez nous
Édition du 6 au 12 décembre 2017
Marcel Groleau, président général