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Pour la Caisse de dépôt et placement du Québec et le Fonds de solidarité FTQ, les terres ne sont qu’un bout de papier

Published on 10 May 2017 - By l'UPA

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  • Citoyen/Citoyenne
  • Producteur/Productrice
  • Textes d’opinion

La Caisse de dépôt et placement du Québec et le Fonds de solidarité FTQ ont chacun investi 10 M$ dans l’achat de terres agricoles par le biais de PANGEA. Pour un investisseur, il y a deux façons d’obtenir un rendement : par la productivité du bien acquis ou par l’appréciation de sa valeur sur le marché.

Les terres achetées par la Caisse et le Fonds de la FTQ sont destinées à la production de céréales. Ces terres sont situées dans des zones où les unités thermiques disponibles pour l’agriculture se situent entre 2 000 et 2 400. Ces conditions permettent la production de petites céréales comme le blé, l’avoine et l’orge, mais aussi des oléagineux comme le canola et le soya.

Selon le Centre d’études sur les coûts de production en agriculture (CECPA), les fermes spécialisées dans ces productions et soumises aux mêmes conditions ont obtenu en 2013, en 2014 et en 2015 un rendement annuel (marge) à l’hectare de 20 $ à 30 $. Lorsqu’on ajoute à ce rendement les prix payés en 2016 pour les terres achetées par PANGEA, soit en moyenne 4 471 $ l’hectare, le rendement agricole nécessaire pour que la Caisse de dépôt et le Fonds de la FTQ obtiennent un retour de 8 % sur leur investissement devrait être de 357 $ l’hectare. C’est plus de 10 fois le rendement atteint par les producteurs spécialisés. C’est absolument impossible à réaliser.

L’autre avenue, plus plausible, est que la Caisse et le Fonds de la FTQ misent sur la hausse de la valeur des terres, donc sur la spéculation. Encore une fois, pour obtenir un rendement annuel moyen de 8 % pendant 25 ans, la valeur des terres acquises devra augmenter de 585 %. L’hectare payé 4 471 $ en 2016 devra se vendre 26 156 $ en 2041. À ce prix, vous comprendrez qu’il sera impossible de rentabiliser l’achat d’une terre par les activités agricoles, peu importe la production.

La question se pose : si les producteurs ne peuvent plus acquérir les terres à ce prix, qui le fera? Un jour ou l’autre, la Caisse et le Fonds de la FTQ devront vendre ces terres pour encaisser leurs gains. À qui? Pas aux agriculteurs, car ils seront incapables de payer ce prix. À un autre fonds d’investissement?

La Caisse a été créée pour donner aux Québécois les moyens de s’affranchir. Sa présence dans l’achat de terres provoque exactement le contraire. La première condition d’affranchissement, pour un producteur agricole, est d’être propriétaire de sa terre. Le constat est le même pour le Fonds de la FTQ qui, en principe, s’appuie sur des valeurs syndicales pour soutenir l’entrepreneuriat et l’investissement dans les entreprises québécoises. Son incursion dans l’achat de terres et l’inflation qu’elle entraîne sur ce marché compromettent le développement des fermes existantes, incluant celles qui y sont depuis plusieurs générations.

La Saskatchewan a légiféré récemment pour interdire aux fonds de pension l’achat de terres agricoles. Le Québec, de son côté, regarde aller la situation. Ces dernières semaines, un autre pas a été franchi dans ce dossier d’accaparement des terres avec l’arrivée dans ce marché de ces deux institutions. Je suis certain que ni la Caisse ni le Fonds ne sont allés « marcher » la terre (c’est de cette façon qu’un producteur l’évalue) achetée la semaine dernière à Saint-Germain-de-Kamouraska. La vérité, c’est que pour la Caisse et le Fonds de la FTQ, les terres ne sont qu’un bout de papier.

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