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Relève agricole : les aspirations d’une génération

Published on 21 October 2015 - By l'UPA

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  • Citoyen/Citoyenne
  • Producteur/Productrice
  • Textes d’opinion

Venus des quatre coins du Québec, plus de 300 jeunes de la relève agricole se sont récemment rassemblés au cœur de Montréal pour présenter LE rapport sur les aspirations de la relève. La Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ) a choisi Montréal pour tenir cette activité afin de faire le lien entre l’agriculture et la nourriture, les ruraux et les urbains.

Pas de nourriture sans agriculture, pas d’agriculture sans relève agricole.

L’alimentation occupe une place grandissante dans l’esprit des consommateurs. On désire de plus en plus d’aliments produits localement. On est aussi de plus en plus soucieux de la qualité et de la salubrité des aliments. Bref, on veut une agriculture de proximité et nourricière qui répond aux attentes des consommateurs. La présence des jeunes à Montréal pour cette activité était donc fortement symbolique. On est tous ensemble dans le même Québec. On partage des valeurs communes sur notre sécurité alimentaire.

C’est au Québec que l’on compte le plus grand nombre d’agriculteurs de moins de 40 ans. Le tiers des nouveaux producteurs y sont des femmes. Elles sont aussi plus nombreuses dans les secteurs agricoles non traditionnels. Quelque 57 % de ces nouveaux producteurs travaillent à temps plein dans leur ferme. Nos écoles d’agriculture, aux niveaux professionnel, collégial et universitaire, sont fréquentées par de plus en plus de jeunes et nous avons rattrapé notre retard académique par rapport à l’Ontario. Les jeunes familles agricoles ont également plus d’enfants, en moyenne, que les jeunes familles québécoises. On peut donc compter sur une relève motivée ayant de grandes aspirations.

Pour mesurer ces aspirations, une firme de sondage a contacté plus de 700 jeunes. Les résultats ont révélé des choses très intéressantes, mais pas vraiment surprenantes. Le plus important pour les jeunes agriculteurs, toutes productions confondues, c’est la mise en marché collective, incluant la gestion de l’offre, et la sécurité du revenu. Malgré l’importance des programmes de démarrage pour faciliter le transfert, les jeunes ont en effet besoin de stabilité et de garanties, à moyen et long terme, compte tenu des risques inhérents à la production agricole.

La valeur des actifs est le principal frein ciblé par les jeunes, le plus difficile à acquérir étant la terre agricole. Depuis 20 ans, le prix des terres a augmenté continuellement. Leur valeur actuelle rend même très ardus les transferts intergénérationnels dans certaines régions. La valeur du don nécessaire pour que la transaction s’effectue et que la ferme soit viable atteint un niveau insoutenable. Comment penser que de nouveaux producteurs peuvent démarrer des fermes dans un tel contexte?

Le rapport sur la relève privilégie notamment la création d’une banque de terres provinciale, des mécanismes pour faciliter leur location à long terme, des lois resserrées pour éviter qu’elles soient laissées en friche alors qu’elles pourraient être louées. Il propose également d’accroître le rôle du Fonds d’investissement pour la relève agricole ainsi qu’une participation financière et fiscale du gouvernement pour encourager les cédants et les acquéreurs à en utiliser les services.

Le rapport sur les aspirations de la relève contient une série d’analyses et de recommandations pour les différents secteurs de production. Les régimes de sécurité du revenu et d’assurance agricole doivent être adaptés pour mieux soutenir la période de démarrage. Plusieurs des recommandations reprennent celles du rapport sur la sécurité du revenu déposé au ministre par la Financière agricole du Québec, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec et l’Union.

Le Grand Rassemblement de la relève a été un événement très stimulant. Voir tous ces jeunes mobilisés, désireux de devenir des entrepreneurs accomplis et de nourrir non seulement leurs aspirations, mais aussi les citoyens du Québec et du monde par la pratique d’une agriculture durable est très rafraîchissant. Et l’appui des personnalités présentes, issues de toutes les sphères de la société, a été fort dynamisant.

Le rapport sur les aspirations de la relève a été transmis au premier ministre du Québec (responsable du dossier jeunesse), au ministre de l’Agriculture ainsi qu’aux chefs des partis politiques québécois. Nous espérons maintenant que ce rapport sera aussi inspirant pour le ministre qu’il l’a été pour la relève, qui y a mis tout son cœur.