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Salaire minimum : une augmentation difficile pour le secteur agricole

Published on 24 January 2018 - By Fédération de l’UPA de la Montérégie

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  • Textes d’opinion

Le 1er mai prochain, le salaire minimum augmentera de 75 ¢ (6,67 %) pour s’établir à 12 $ l’heure. Ce faisant, le Québec aura le troisième taux le plus élevé des provinces canadiennes, derrière l’Alberta et l’Ontario. Il s’agit, en dollars, de la hausse la plus importante de l’histoire du Québec.

L’économie québécoise traverse une période de croissance intéressante, ce qui explique cette décision. Le taux de chômage est à un niveau historiquement bas, les employeurs sont à la recherche d’employés et ces derniers sont très difficiles à recruter. Ce qui distingue le secteur agricole (plus particulièrement horticole) des autres secteurs, c’est la proportion importante que représente la main-d’œuvre au salaire minimum dans nos coûts globaux de production ainsi que notre fragilité par rapport aux produits importés.

Dans le cas de denrées agricoles comme la viande, les céréales, les fruits ou les légumes, la compétition est mondiale.

Nos marchés d’alimentation regorgent d’aliments importés du Chili, du Mexique, de la Chine et des États-Unis. L’absence de réciprocité des normes sociales et environnementales, dans les ententes de commerce, confère à ces concurrents internationaux des avantages importants. C’est pourquoi chaque hausse du salaire minimum est très difficile à transférer aux marchés et aux consommateurs, contrairement à d’autres secteurs économiques (ex. : commerce au détail). Rappelons que le prix est le premier critère d’achat pour plus de 80 % des consommateurs, selon les diverses enquêtes sur l’alimentation. Si l’écart de prix entre les produits importés et locaux s’agrandit, l’espace pour les produits du Québec va diminuer.

Les entreprises horticoles ont des coûts en main-d’œuvre élevés, car les possibilités d’automatisation des tâches sont faibles. L’augmentation annoncée du salaire minimum mettra plusieurs d’entre elles en situation financière difficile. Prenons l’exemple d’une importante entreprise de fraises et de framboises du Québec. Celle-ci fournit des centaines d’épiceries et de marchés partout dans la province, de juin à octobre. Elle emploie 180 travailleurs, dont 90 % sont des travailleurs étrangers temporaires. Chaque hausse du salaire minimum a donc un impact majeur sur ses coûts de main-d’œuvre, incluant les avantages sociaux.

La masse salariale de cette entreprise était de 3,4 M$ en 2016 (salaire minimum de 10,75 $ l’heure). Elle est passée à 3,5 M$ en 2017 (salaire minimum de 11,25 $ l’heure). Elle sera de 3,8 M$ en 2018 (salaire minimum de 12 $ l’heure). Entre 2017 et 2018, cela représente une hausse de 8,6 % de sa masse salariale.

En 2017, 57 % de ses dépenses étaient consacrées à la main-d’œuvre. Avec la hausse annoncée et considérant que ses ventes et autres dépenses seraient les mêmes qu’en 2017, ce producteur verra la marge bénéficiaire de son entreprise diminuer d’environ 5 %. Cette diminution ne pourra pas être compensée par une hausse du prix de vente compte tenu de la compétition des importations. La marge nette de ce producteur plus performant que la moyenne étant d’environ 6 %, la hausse annoncée du salaire minimum absorbera tous ses profits. Pourquoi continuer?

Lutter contre la pauvreté et les inégalités est un objectif auquel l’Union souscrit. Le salaire minimum n’est toutefois pas le seul outil dont dispose le gouvernement du Québec. Ce dernier a laissé entendre qu’une aide pour les petites et moyennes entreprises pourrait être annoncée lors du prochain discours sur le budget. Comme je l’expliquais plus haut, des mesures d’atténuation seront nécessaires pour le secteur agricole, plus spécifiquement pour les entreprises horticoles.

Éditorial La Terre de chez nous

Édition du 24 au 30 janvier 2018

Marcel Groleau, président général

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