Le Québec a vécu un moment important la semaine dernière, à l’occasion du Rassemblement pour un Québec vivant. Issu de la mobilisation Tous ruraux lancée récemment par Solidarité rurale du Québec (SRQ), l’événement a réuni près de 200 acteurs des quatre coins de la province souhaitant discuter des grands enjeux de la ruralité et proposer aux Québécois de rétablir les ponts entre les urbains et les ruraux.
À titre de président de SRQ et de l’Union des producteurs agricoles (UPA), j’ai beaucoup apprécié la qualité des échanges tout au long de la journée. En présence du premier ministre du Québec, Philippe Couillard, du ministre de l’Agriculture, Laurent Lessard, et de plusieurs parlementaires, nous avons traité des défis de la vitalité et de l’occupation de territoire, de sa gouvernance et de la fierté collective partagée. Des experts, tout comme les participants, ont échangé sur chacun de ces sujets.
Le rassemblement et la proposition déposée sont le fruit d’une collaboration étroite des grands partenaires de Tous ruraux, c’est-à-dire l’UPA, La Coop fédérée et Desjardins. La participation de la Fédération québécoise des municipalités, de la Fédération des commissions scolaires du Québec, de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec, de la Centrale des syndicats du Québec, de la Communauté métropolitaine de Montréal et du gouvernement provincial a aussi fait la différence.
Je tiens également à saluer l’implication du conteur, écrivain, scénariste et chanteur québécois Fred Pellerin. On ne pouvait espérer meilleur ambassadeur pour ce mouvement. Fred a donné vie à un village, à une région, en l’animant, en lui donnant une âme et en s’inspirant de ses légendes. À ses côtés, un groupe impressionnant de messagers en faveur de la ruralité se sont investis dans cette démarche. Ils sont de toutes les régions et de différentes sphères d’activité. Ils jouissent d’une grande notoriété et ont accepté d’apporter leur contribution à ce mouvement en faveur de la ruralité. Je les remercie encore une fois pour leur contribution.
Parmi les nombreux enjeux auxquels font face les milieux ruraux figure au premier chef celui de maintenir la vitalité et l’occupation des territoires.
Les données d’un portrait de l’évolution des milieux ruraux depuis les 25 dernières années ont mis en lumière une pénurie importante de main-d’œuvre, puisque près de la moitié (49 %) de la population en âge de travailler est considérée comme préretraitée. À cela s’ajoute une décroissance de la population des régions éloignées de 7 %. Certains services publics sont aussi déficients, alors que plus de 300 000 ménages et de nombreuses entreprises en milieu rural doivent toujours composer avec un accès très limité à Internet et au réseau de téléphonie cellulaire. La réduction des réseaux de transports en commun interrégionaux est également préoccupante, notamment dans le Bas-du-Fleuve et en Gaspésie, deux régions qui ont récemment perdu 65 % de leurs services.
Ce portrait nous a menés à une question fondamentale : pouvons-nous donner un souffle à toute la ruralité en joignant nos efforts, en ayant des politiques coordonnées, inspirées des priorités régionales, impliquant les différents niveaux de gouvernance qui œuvrent sur le territoire? Tous ruraux répond par l’affirmative et par une proposition pour des territoires vivants et en mouvement. Cette proposition évoque le territoire comme richesse inestimable pour le Québec et s’appuie sur l’interdépendance entre les ruraux et les urbains, dans le but d’assurer une ruralité attrayante pour les générations futures.
Plus concrètement, Tous ruraux demande que le gouvernement mette pleinement en œuvre la Loi et la Stratégie pour assurer l’occupation et la vitalité des territoires, notamment par la réalisation du Plan gouvernemental de contribution à la Stratégie, composé des plans d’action de chaque ministère. S’inscrivant dans les priorités définies par les régions, ceux-ci devront être accompagnés des moyens nécessaires à leur réalisation.
L’élection générale qui s’annonce est l’occasion, pour chaque formation politique, de préciser ses intentions. SRQ, ses partenaires et les intervenants associés à la démarche sont impatients de les entendre. Le sujet est d’une importance telle qu’il doit figurer parmi les enjeux de cette élection.
Éditorial La Terre de chez nous
Édition du 30 mai au 5 juin 2018
Marcel Groleau, président général