C’est sous le thème Cultivons notre autonomie alimentaire du local au global que plus d’un millier de personnes, incluant les délégués, ont participé, en tout ou en partie, au Congrès général 2020 de l’Union. C’est extrêmement satisfaisant, car la tenue d’un événement de cette envergure, en formule virtuelle, représentait un défi logistique et technologique important. Depuis le début de la pandémie, on ne cesse de se réinventer.
C’est pour cette raison que les premiers mots de mon allocution ont d’abord été pour l’ensemble des élus et des employés de la Confédération et de tous nos groupes affiliés, car ils ont assuré et maintenu des services de grande qualité aux producteurs et productrices agricoles dans des conditions pas toujours optimales. Nous avons été de tous les enjeux et présents à chaque instant pour comprendre, communiquer et expliquer. Ce travail se poursuit chaque jour.
La pandémie a clairement démontré la pertinence du travail collectif, qui est la marque de commerce de l’Union. Le travail en filière auquel nous sommes habitués nous a permis de mettre à contribution nos réseaux naturels de communication et de trouver des solutions rapidement. Je souhaite souligner l’implication personnelle et la grande disponibilité du ministre André Lamontagne depuis le début de cette épreuve, et particulièrement aux moments les plus critiques. Toutes les équipes du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec et de La Financière agricole du Québec ont été mobilisées pour agir rapidement, que ce soit à l’égard des enjeux de main-d’œuvre, des éclosions dans les abattoirs, de la sécheresse ou de toute autre situation.
Il reste que des producteurs ont souffert plus que d’autres sans espoir de récupérer les pertes. Je pense entre autres à ceux qui offrent des repas dans leur cabane à sucre et aux agriculteurs dont la production est essentiellement dédiée à la restauration, comme dans les secteurs du veau de lait ou des grands gibiers. N’abandonnons pas ces producteurs.
La pandémie aura permis de nous recentrer sur certains besoins et services essentiels à la population. La chaîne alimentaire est à la base de la stabilité de notre société. Nous avons craint, à un certain moment, qu’elle puisse être mise à mal. Comme pour bien des nations, la nécessité d’améliorer notre autonomie alimentaire au Québec est une évidence. Un beau défi pour l’agriculture d’ici.
Des annonces importantes ont eu lieu ces dernières semaines en ce sens : le lancement du Plan d’agriculture durable 2020-2030 accompagné d’un investissement de 125 M$, suivi d’un montant de 157 M$ pour soutenir l’autonomie alimentaire, plus particulièrement en serriculture. Plusieurs secteurs bénéficieront de ce nouvel élan si on les accompagne adéquatement, comme celui des bovins, des agneaux, des légumineuses, des fruits et légumes et de l’aquaculture, pour ne nommer que ceux-là. Je le répète : un beau défi.
L’autonomie alimentaire et la croissance de la production agricole exigeront que l’on protège mieux nos terres et que l’on augmente les superficies en culture au Québec. C’est inévitable et à la base même de ce projet. Mais il faudra aussi un rééquilibrage des forces pour en arriver à un partage plus équitable des marges bénéficiaires et de la part des consommateurs entre les grands détaillants et les autres maillons de la chaîne. Il faudra également un soutien du gouvernement canadien adapté et compétitif comparable à celui des États-Unis et de l’Europe, et, bien sûr, le déploiement d’un réseau cellulaire et Internet efficace et abordable sur tout le territoire. Il s’agit d’enjeux que les forces et les faiblesses du marché, à elles seules, ne peuvent pas régler et qui exigeront l’implication des gouvernements.
Un moment important du Congrès, très suivi et apprécié, a été le dévoilement du nouveau contrat social découlant du Dialogue sur l’autonomie alimentaire du Québec, piloté par l’Institut du Nouveau Monde. Résultat des discussions entre un groupe de citoyens et un groupe de producteurs, ce projet nous inspirera pour la suite des travaux vers une plus grande autonomie alimentaire, j’en suis certain. Dans une certaine mesure, ce contrat s’inscrit déjà dans les objectifs de la politique bioalimentaire. À nous tous d’y donner suite.
Un beau congrès, suivi du gala de l’Union qui a apporté un vent de bonheur dans la grisaille de cette pandémie. Ce gala qui en est à sa troisième édition reconnaît les groupes qui se sont démarqués dans quatre catégories. Je vous invite à consulter les pages de La Terre de chez nous, qui vous présenteront l’ensemble des lauréats ainsi que la famille Gingras, du Saguenay–Lac-Saint-Jean, proclamée Famille agricole de l’année.
Le prix Coup de cœur de l’Union 2020 a été remis cette année à Jean-François Archambault, directeur général et fondateur de La Tablée des chefs. Grâce à son travail colossal et à sa capacité de réseautage, il a su rallier le milieu agroalimentaire pour lancer Les Cuisines solidaires. Ensemble, les producteurs, les distributeurs et les chefs québécois, appuyés par de nombreux partenaires, ont réussi à préparer plus de deux millions de repas pour les banques alimentaires. Comme le disait M. Lamontagne lors de la remise du prix, il nous faudrait plus de Jean-François Archambault au Québec, et je suis bien d’accord avec lui.
En résumé, un congrès et un gala de l’Union très réussis. Je suis fier de notre organisation.