Éric Grenier : une passion retrouvée!
Les visages de la relève syndicale
Éric Grenier
Implication |
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Président du Syndicat local de Rouyn-Noranda |
Vice-président du Syndicat de la relève agricole de l’Abitibi-Témiscamingue |
Éric Grenier a grandi sur une ferme laitière de l’Abitibi. Il avait 14 ans quand la ferme a perdu sa vocation laitière. « Quand mon père et mon oncle ont vendu les vaches et le quota en 2004, j’étais trop jeune pour penser reprendre le flambeau. En fait, ça ne m’intéressait pas vraiment. Mon père en parlait plus souvent négativement que positivement », résume Éric.
Comme bien des jeunes abitibiens, Éric a été attiré très jeune par un emploi dans un secteur plus payant et définitivement moins exigeant. « Je voulais aller dans les mines et faire de l’argent », admet celui qui, à 31 ans, est devenu agriculteur jusqu’au bout de la casquette!
Étonnamment, c’est l’amour qui lui a permis de jeter un regard neuf sur le domaine agricole… « À 18 ans, j’ai rencontré une étudiante de l’Institut de technologie agroalimentaire… J’ai visité plusieurs fermes avec elle et j’ai constaté combien les gens étaient passionnés par ce métier. J’ai vu un autre côté de la médaille! »
C’est quand les terres voisines de la ferme familiale se sont retrouvées sur le marché que, tout naturellement, il s’y est intéressé. « Seule la Financière agricole pouvait m’offrir le financement puisque les autres institutions ne prenaient pas la valeur des terres en garantie. Il me fallait donc un projet agricole », dit‑il.
Ce qui devait être un à-côté s’est avéré le début d’une sincère vocation. Même s’il ressentait l’appel de l’industrie laitière, Éric a choisi les grandes cultures pour des raisons de rentabilité et pour l’autonomie dont il avait besoin.
Pour la vitalité des terres
« J’ai toujours eu un pincement au cœur en voyant des terres pousser en branches. J’en ai d’ailleurs fait un but personnel que de relever des terres en friche. Pendant quelque temps, j’avais trois emplois. Je continuais de travailler à la mine, je m’étais acheté un camion pour faire du transport, je travaillais sur les terres… Avec le temps, j’ai redécouvert l’agriculture et ce que je n’avais pas vu plus jeune », raconte-t‑il.
Éric a remis son « bleu » à la mine, mais a gardé son camion, ce qui lui permet de travailler à l’année en faisant le pont entre les saisons de culture. « De mai à novembre, le camion sert pour les activités agricoles et de décembre à avril, c’est mon gagne-pain », explique-t‑il.
Après avoir restauré sa terre nouvellement acquise, il a fait de même avec les terres familiales. « Elles n’avaient pas été labourées depuis plusieurs années, et étaient moins productives. J’ai même racheté les parts de mon oncle. Je suis chanceux, car mes parents m'ont énormément aidé et ils m’aident encore. Il ne le dit pas trop, mais je pense que mon père est fier. »
Sa conjointe Katrine, qui partage l’enthousiasme d’Éric pour le travail de la terre, est actionnaire de la Ferme Kléri. Elle s’implique également au sein de la relève agricole. « On a des chevaux, quelques vaches, des cochons, des poules, une oie… Et on en ajoute chaque année! », rigole-t‑il.
L’Abitibi, avec ses immenses territoires, a une réalité différente des régions plus au Sud, mais en matière de réglementation environnementale, les normes sont les mêmes pour tous. Éric Grenier s’y conforme même si elles lui paraissent absurdes. Il aime dire qu’il fait de « l’agriculture raisonnée ». « Je loue des terres où je n’utilise aucun produit chimique parce que les propriétaires veulent que ça reste bio. Je l’accepte et je le gère en biologique. »
Éric s’est joint à un groupe de producteurs qui s’intéresse au marché de la transformation céréalière. « C’est un projet en développement. On aimerait faire de l’huile de canola et du tourteau, transformer notre avoine et peut-être se tourner vers des cultures innovantes comme le quinoa », dit-il emballé. « On est solidaire en Abitibi. Il y a pas mal d’entraide. Le fait d’être loin des grands centres urbains favorise ça, je pense! »
Une implication 101
Éric Grenier est président de son syndicat local à Rouyn-Noranda et vice-président du syndicat de la relève agricole de la région. Il apprécie le dynamisme de ces deux groupes.
« J’ai commencé à m’impliquer quand mon projet de ferme a vu le jour, il y a 10 ans. J’y vois plusieurs avantages. Je vois que je peux faire une différence et améliorer les choses pour tous mes semblables. Mais j’ai aussi remarqué que ça apporte une plus-value à mon entreprise. En étant à la table, tu es au fait de ce qui se passe. Tu peux avoir des opportunités que tu n’aurais pas nécessairement si tu restais dans ton coin », avoue-t‑il.
Éric siège également au conseil de quartier, une structure mise en place après les fusions municipales. « C’est comme un conseil municipal; chaque quartier a ses conseillers. Mais sincèrement, je trouve qu’on a plus de poids avec l’UPA quand on veut défendre une idée ou un projet. Par exemple, on a essayé d’amener la question de la gestion des cours d’eau par la voie municipale et ça n’a pas fonctionné, mais en passant par l’UPA, en mobilisant les agriculteurs, on a été écouté. C’est ça la force du nombre! »
Ferme Kléri
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